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ROMAN D’UN PÈRE.

XIII


Encore quatre ou cinq années de félicité à joindre au total de nos jours heureux, puis les réalités de la vie commencèrent pour nous. Ma fièvre nerveuse m’avait laissé de longs accès de faiblesse, d’inexplicables lassitudes dont je ne m’étais jamais beaucoup effrayé ; mais, vers l’époque où Suzanne atteignait sa seizième année, j’éprouvai des étouffements et des battements de cœur qui ne laissèrent pas que de me donner des craintes sérieuses.

En cachette de ma fille, je me rendis chez notre ami le docteur, et je le priai de me dire au juste ce qu’il en était.

— Vous comprenez, lui dis-je, docteur, l’intérêt que j’ai à connaître la vérité ; Suzanne n’a que moi, — car ma belle-mère…

Il m’interrompit d’un geste de la main ; il la connaissait, cette excellente madame Gauthier, et savait aussi bien que moi ce que l’on pouvait attendre d’elle.