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Page:Grad - L'Alsace, le pays et ses habitants - 1909.pdf/39

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le sol ne lui conviennent pas bien, le sapin commun se maintient, se multiplie sans peine partout où il prend pied spontanément sans le concours de l’homme. Cette facilité de reproduction est frappante dans les Vosges. Souvent le sapin, au lieu de former à lui seul de vastes massifs, se mêle à des bois feuillus tels que le frêne, l’érable, le hêtre. Le hêtre, Fagus sylvatica, se multiplie d’autant plus que le sol s’élève davantage et gagne en altitude, dominant surtout dans le massif des Basses-Vosges. Non seulement il accompagne le sapin jusque dans ses dernières stations, mais il monte plus haut pour couronner les sommets les plus élevés, tout au moins sous forme de buissons. Dans nos montagnes d’Alsace, comme dans la Forêt-Noire, l’habitat du hêtre dépasse la zone du sapin, tandis que sur les autres montagnes de l’Europe les conifères atteignent une altitude supérieure à celle des bois feuillus. Dans la plaine nous ne le possédons en massifs considérables que dans la partie nord de la forêt de Haguenau, entre Hatten, Niederrodern et Koenigsbruck.

À côté du sapin vient aussi l’épicéa, Pinus picea, qui ne lui cède que peu pour la taille et pour la beauté, mais dont le bois se prête à des emplois plus rémunérateurs. Cette espèce, partout où nous la rencontrons dans les Vosges, y a été introduite par la main de l’homme. Le pin ordinaire, Pinus sylvestris, semble aussi avoir été introduit dans nos montagnes artificiellement, comme l’épicéa. Il ne se propage que par exception sur les bons sols du grès vosgien, et ne couvre de grandes surfaces que dans la forêt de Haguenau, en plaine. En se mêlant au sapin, il acquiert pourtant une certaine beauté. Ses massifs sont particulièrement remarquables dans le district de Wasselonne, où ils excitent l’admiration de tous les visiteurs. Le plus souvent il se confine sur les sols maigres et revêt les pentes les plus exposées à l’ardeur du soleil.

Dans différents cantons on a introduit avec succès le mélèze des Alpes, Pinus larix. Établissant une sorte de transition des arbres à aiguilles aux bois feuillus, le mélèze ne semble pourtant pas disposé à se propager dans les Vosges, malgré quelques essais d’acclimatation bien réussis. Cela n’est pas un mal pour nos forêts, parce que le mélèze ne présente pas les avantages du sapin et que son tronc résiste mal aux vents violents. Quant aux chênes de haute futaie, Quercus pedunculata, assez répandus à la base des montagnes et dans le bas des vallées, ils en forment pas dans cette région des massifs aussi importants qu’en plaine.