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n'a aucune valeur historique. Démétrius de Phalère, qu'elle prétend avoir suggéré à Philadelphe l'idée de faire venir des traducteurs à Alexandrie, ne fut jamais son bibliothécaire, mais archonte d'Athènes. Loin d'avoir accès auprès de ce roi, il lui était odieux et avait été jeté en prison par ses ordres. La lettre d'Aristée ne remonte qu'à 15-20 de l'ère vulgaire (Comparez Monatschrift, 1876, p. 299 sqq.), ainsi près de deux siècles après cette version. Le seul détail réellement historique de ce document, c'est que la traduction grecque fut rédigée pour un Ptolémée ; mais alors ce ne peut être que Philométor, le roi ami des Judéens.

[201] Il est reconnu aujourd'hui par les apologistes chrétiens eux-mêmes que Jean-Baptiste était Essénien. Sa vie, telle que la décrivent les Évangiles, est en tout point celle que menaient les Esséniens et ne s'explique bien que par cette dernière. Le nom même de Baptiste rappelle cette secte, qu'on nommait en grec Baptistaï héméras, et en hébreu Toblé schacharit, les baigneurs du matin ou quotidiens. Ce que Josèphe raconte de Jean Baptiste (Antiquités, XVIII, 5, 2) a été fabriqué et interpolé plus tard, de même que la tirade sur Jésus (ibid., 3, 3). Le récit qui attribue sa mort à l'influence d'Hérodiade ne peut être qu'une fable : en effet, elle ne devint la femme d'Hérode Antipas que vers l'an 35-36, c'est-à-dire après la mort de Jésus, qui pourtant, selon l'Évangile, n'est entré en scène qu'après la mort de Jean.

[2] Rappelons une fois pour toutes que le sens primitif et réel de ce mot est celui d’immersion. De fait, dans le premier siècle de l’Église, le baptême ne fut pas autre chose (note du traducteur).

[263] Pour apprécier ce que peut y avoir d'historique dans les origines du christianisme, ou dans la vie de Jésus, on ne doit pas perdre de vue que nous n'avons d'autres moyens d'information à cet égard que les Évangiles, lesquels n'ont été rédigés que longtemps après la mort de Jésus. Le prétendu Évangile de Matthieu, probablement aussi Évangile selon les Hébreux, c'est-à-dire selon les judéochrétiens, n'ont été écrits qu'après la guerre de Barkochéba, sous Adrien. En effet, le passage Matth., XXIV, sqq., et Marc, XIII, 14 sqq. : Quand vous verrez l'abomination de la désolation établie dans le lien saint, que ceux qui seront en Judée s'enfuient alors vers les montagnes ; fait évidemment allusion à la statue de Jupiter, érigée par Adrien sur l'emplacement du temple de Jérusalem. C'est là ce que la langue apocalyptique appelle l'abomination de la désolation. Ainsi l'entend le Père de l'Église saint-Jérôme : Potest accipi... de Hadriani equestri statua et de Jovis idolo, quæ in ipso sancte sanctorum loco usque in præsentem dicm stant. C'est après la guerre seulement qu'eut lieu cette profanation du lieu saint. Il s'ensuit que l'Évangile de Matthieu n'a pu être composé que postérieurement à l'an 135, partant un siècle après la mort de Jésus. Pour celui de Marc, ce n'est qu'un remaniement du premier évangile à l'usage des païens christianisés ; il est donc encore plus récent. L'Évangile de Luc se donne lui-même pour une compilation da différentes biographies de Jésus et ne peut guère remonter au delà de 150, non plus que les Actes des Apôtres qui s'y rattachent. On y a utilisé l'Évangile de Matthieu ou celui de Marc avec quelques variantes, en remplaçant, par exemple, l'abomination de la désolation par la destruction de Jérusalem (XX, 31). Enfin, le quatrième évangile pourrait bien n'avoir pas pris naissance avant l'an 180.


NOTES JUSTIFICATIVES. 4

a a aucune valeur historique. Démétrius de Phalère, qu’elle prétend avoir suggéré à Philadelphe Hdée de faire venir des traducteurs à Alexandrie, ne fut jamais son bibliothécaire, mais archonte d’Athènes. Loin d’avoir accès auprès de ce roi, il loi était odieux et avait été jeté en prison par ses ordres. La lettre d’Aristée ne remonte qu’à 15-M de l’ère vulgaire (Comp. ifoMttdb~, M76, p. 289 <ey.), ainsi près de deux siècles après cette version. Le seul détail réellement historique de ce document, c’est que la traduction grecque fat rédigée pour un Ptolémée~ mais alors ce ne peut être que PAdbm-or, le roi ami des Judëens. Page Mi. – Il est reconnu aujourd’hui par les apologistes chrétiens eux-mêmes que Jean-Baptiste était Essénien. Sa vie, telle que la décrivent les Évangiles, est en tout point celle que menaient les Esséniens et ne s’explique bien que par cette dernière. Le nom même de et Baptiste rappelle cette secte, qu’on nommait en grec &ïp<Mfaf A<’m<’r<M, et en hébreu M/< achacharit, les baigneurs du matin ou « qnotidiens a. Ce que Josèphe raconte de Jean-Baptiste (~tf. XVnr, 5, 2) a été fabriqué et interpolé plus tard, de même que la tirade sur Jésus (<&t<t. 3, 3). Le récit qui attribue sa mort a l’influence d’Hérodiade ne peut être qu’une fable en effet, elle ne devint la femme d’Bérode Antipas que vers l’an 35-36, c’est-à-dire epr~ mort de J<f~ qui pourtant, selon l’Évangile, n’est entré en scène qu’après la mort de Jean.

Page : e3. – Pour apprécier ce quTI peut y avoir d’historique dans les origines du christianisme, ou dans la vie de Jésus, on ne doit pas perdre de vue que nous n’avons d’autres moyens d’information à cet égard que les Évangiles, lesqoels n’ont-été rédigée que longtemps après la mort de Jésus. Le prétendu Évangile de Matthieu, probablement aussi l’Évangile « selon les Hebreux e, c’est-à-dire selon les ~o~-<f<M~, n’ont été écrits qu’après la guerre de Barkochéba, sous Adrien. En effet, le passage Matth. XXIV, i&sq. et Marc Xm. 14 sq. · Quand vous verrez l’abomination de la désolation établie dans le lieu saint, que ceux qui seront en Judée s’enfuient alors vers les montagnes e, fait évidemment allusion à la statue de Jupiter, érigée par Adrien sur l’emplacement du temple de Jérusalem. C’est là ce que la langue apocalyptique appelle l’a&<-MMoMoa <~ « !fM/a< !<M. Ainsi l’entend le Père de l’Église saint Jérôme Polest accipi. de aiMMotn e-MM<rt statua et de./ocM idolo, que M <pto «Mc<c Mnc<orMM ~co usque ia pf-M~eM <K<’M, tant. C’est après la guerre seulement qu’eut lieu cette profanation du lieu saint. Il s’ensuit que l’Évangile de Matthieu n’a pu être composé que postérieurement à l’an 135, partant un siècle après la mort de Jésus. Pour celui de Marc, ce n’est qu’un remaniement du premier évangile à l’usage des païens christianisés il est donc encore plus récent. L’Évangile de Luc se donne lui-même pour une compilation da dinerentes biographies de Jésus et ne peut guère remonter au delà de 150, non plus que les ~M dM ~pd<rM qui s’y rattachent. On y a utilisé l’Évangile de Matthien on celui de Marc avec quelques variantes, en remplaçant, par exemple, l’a&OMMaûbtt de la <MM& !<tMt par la dM<rMc<MMt «n<M/eM (XX, M). Ennnle quatrième évangile poarrait bien n’avoir pas pris naissance avant l’an 18$.