Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 1.djvu/119

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des pierres et de la terre du haut de la colline, de sorte que les guerriers durent protéger la personne du roi, qui, du reste, comptait aussi des amis à Bachourim. Abattu, épuisé, David arriva avec sa suite, par la route du désert, dans la contrée de Jéricho. Ils s’arrêtèrent là sous des tentes, et l’infortuné monarque se remit de ses fatigues d’esprit et de corps, dans l’attente des avis que ses fidèles devaient lui envoyer de Jérusalem.

Cependant Absalon entrait dans la capitale avec les conjurés et les défectionnaires, ayant à ses côtés Achitophel, le pervers conseiller. Celui-ci excitait l’usurpateur à redoubler de forfaits, afin de rendre la rupture irrémédiable et toute réconciliation impossible. Il lui conseilla de mettre la main sur le harem de son père et d’abuser des dix concubines qu’il y avait laissées. Qu’importait à Achitophel qu’Absalon, par cette nouvelle infamie, risquât de se rendre odieux au peuple ? Il voulait avant tout se venger de David et le précipiter du trône ; Absalon n’était pour lui qu’un instrument. Le scélérat imbécile qui se faisait appeler roi, mais qui, réduit à lui-même, eût été inhabile à rien entreprendre, se laissa entraîner à cette ignominie. Mais, pendant qu’il se livrait à cette orgie de crimes, l’homme qui devait anéantir ses desseins odieux était là près de lui. Chusaï avait, en apparence, rendu hommage au nouveau roi, avait protesté qu’il le servirait aussi fidèlement qu’il avait servi son père. Usant de traîtrise avec le traître, il avait gagné la confiance d’Absalon. Celui-ci tint conseil sur les moyens à employer pour vaincre et abattre son père. Les Anciens des tribus, présents à Jérusalem, furent appelés à délibérer. Achitophel donna le conseil diabolique de se mettre sans délai, cette même nuit, avec une armée considérable, à la poursuite de David, de surprendre sa suite et de la disperser par la supériorité du nombre, de le faire prisonnier lui-même, — faible et abattu comme il le supposait, — et de le mettre à mort. Une fois David éliminé, le peuple entier se rallierait au nouveau roi, sans remords et sans réserve.

Chusaï, consulté à son tour par Absalon sur le plan de campagne à suivre, déclara le projet d’Achitophel absolument inacceptable, et fit valoir des arguments si spécieux qu’Absalon s’y laissa prendre. Quant à lui, Chusaï, ce qu’il conseillait, c’était de