Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 1.djvu/145

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

les caravanes circuler sans obstacle, du sud au nord et du Jourdain à la mer. — Tout un système de forts garantissait la sûreté des routes et offrait des haltes aux voyageurs. Outre ces stations et les dépôts de cavalerie et de chariots, Salomon créa aussi des villes d’approvisionnement ou greniers d’abondance, comme réserves pour les années de disette.

Par ces moyens, Salomon avait sagement ordonné l’État israélite, et dans le présent et dans l’avenir. Il n’avait pourtant pas, pour le seconder, un conseiller habile, comme David en avait eu un dans la personne d’Achitophel. Sa propre sagesse était son seul guide. Mais il avait su choisir des employés de confiance, qui appliquaient énergiquement ses idées et se conformaient avec intelligence à ses instructions. De fait, l’extension considérable de ses États et de sa maison exigeait la création de nouveaux emplois. Vu le train que lui imposait l’incessante affluence d’étrangers à sa cour, il fallut instituer un inspecteur du palais, qui acquit peu à peu un haut degré de puissance.

Par son excellente organisation, par son accroissement extérieur, par les richesses prodigieuses qu’y avait accumulées Salomon, le pays d’Israël était devenu une véritable puissance, digne de rivaliser avec les plus grands États du monde antique. Des princes et des peuples, divisés entre eux, avaient recours au maître de ce pays et sollicitaient l’arbitrage de ce monarque, dont la sagesse était vantée partout. Mais la principale gloire du règne de Salomon, ce fut la paix, la sécurité complète dont jouit son royaume. De Dan à Bersabée, tout Israélite pouvait goûter paisiblement les joies du foyer, chacun sous sa vigne et sous son figuier.

Les relations commerciales, la prospérité du pays, le calme de l’existence, fruit de la longue paix de ce règne, attirèrent là de nombreuses familles des pays circonvoisins, Moabites, Ammonites, Iduméens, Égyptiens. Il est à croire aussi que le culte épuré des Israélites, culte si supérieur à celui des idoles et qui avait trouvé dans le temple de Jérusalem un si auguste siège, exerça une puissante attraction sur maint étranger intelligent, jaloux d’y prendre part et de s’abriter sous les ailes du Dieu d’Israël. Le pays, le peuple et le Dieu d’Israël étaient, sous Salomon, connus au loin. Les navigateurs israélites, qui abordaient à tant de ports de mer,