Un autre point noir se forma dans le nord, point dont Salomon s’inquiéta peu, mais qui était gros de malheurs pour Israël. Rezon, un des officiers du roi de Soba, Hadadézer, vaincu par David, s’était échappé à la suite de cette défaite, avait rassemblé une troupe de brigands et fait, à leur tête, la petite guerre, depuis les bords de l’Euphrate jusqu’aux contreforts septentrionaux du Liban. Le succès des entreprises de Rezon grossit le nombre de ses soldats, et cette nouvelle force doubla son audace et sa puissance. Finalement, il put tenter un coup de main sur Damas, la vieille cité ; il réussit à s’en emparer et s’y adjugea la couronne. Lui aussi exerça, du côté du nord, des hostilités contre les Israélites et leurs alliés, sans rencontrer d’obstacles de la part de Salomon, — soit que ce dernier eût horreur de la guerre, ou qu’il n’eût pas assez de braves guerriers pour lutter à la fois dans le nord et dans le midi.
Ainsi se développaient çà et là, contre la prospérité d’Israël, des puissances menaçantes, infimes d’abord, et qu’on eût pu aisément écraser dans l’œuf. À cela devait encore s’ajouter une scission intérieure. Israël n’était pas destiné à rester un puissant empire. — Toutefois, Salomon ne devait pas assister à l’accomplissement de cette destinée et à la décadence de son pays ; il mourut en paix, à l’âge de soixante ans environ (977). Sa dépouille fut déposée, probablement en grande pompe, dans le caveau des sépultures royales, construit par David au sud du mont Sion. On raconta plus tard que Salomon et son père avaient caché dans des cellules, au fond de ce caveau, des sommes immenses et de précieux trésors, qui en furent retirés, bien des siècles après, par des rois judéens.
Malgré le grand nombre de ses femmes, Salomon ne laissa pas, semble-t-il, une nombreuse postérité. Le trône passa à son fils Roboam, à qui il était réservé de consommer la scission de ses propres mains. — La postérité, qui a exalté le génie et la sagesse de Salomon au delà des limites humaines, lui a prêté aussi une mystérieuse autorité sur les démons et les esprits invisibles, qui, dociles à sa volonté, se réunissaient ou se dispersaient à son commandement. Un simple anneau même, où était gravé son nom, conservait, selon la croyance populaire, une puissance magique et domptait les démons.