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Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 1.djvu/154

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Où s’arrêterait la défection ? — Toutefois, il fut délivré de ce souci. La tribu de Juda, qui s’était intimement unie à la maison de David et qui la considérait comme sa gloire la plus haute, resta fidèle à ses affections. La tribu de Siméon, véritable annexe de celle de Juda, ne pouvait compter comme tribu distincte. Mais la tribu de Benjamin aussi resta fidèle à Roboam : elle était déjà entièrement fusionnée avec Juda, et leurs destinées étaient désormais inséparables. Il y avait plus de Benjamites dans Jérusalem que de Judaïtés. — Ces tribus étaient donc acquises à Roboam. Une fois tranquille de ce côté, et certain de l’attachement de ces deux ou trois tribus, il songea à ramener à l’obéissance, par la force des armes, les Sichémites et les autres Éphraïmites ; et peut-être y fût-il parvenu, si Jéroboam n’avait pris des mesures pour exploiter cette défection à son profit. Il sut persuader aux Éphraïmites que, seul, un roi serait en état d’opposer une résistance efficace aux attaques de Roboam, et qu’ils n’avaient pas d’autre moyen d’échapper au sévère châtiment que leur réservait la défaite. Peut-être eux-mêmes, d’ailleurs, étaient convaincus qu’un roi appartenant à leur tribu pourrait seul lui assurer la prépondérance sur les autres. Ils résolurent donc d’élever trône contre trône. Qui était plus propre à l’occuper que Jéroboam ? Lui seul s’était montré courageux et adroit, et il était Éphraïmite. En conséquence, les Anciens d’Éphraïm le proclamèrent roi, et cette initiative entraîna les autres tribus. Matériellement et moralement séparées de Juda, il était naturel qu’elles se rangeassent du côté d’Éphraïm. Les tribus transjordaniques reconnurent pareillement Jéroboam, sans doute parce qu’elles aussi avaient des griefs contre la maison de David et n’espéraient pas que Roboam y fît droit. C’est ainsi qu’un homme de rien, sorti du bourg obscur de Saréda, devint le chef de dix tribus (977-955). La maison de David ne garda, comme on l’a vu, que les tribus de Juda, de Benjamin et de Siméon ; deux tribus, en somme, la dernière étant insignifiante et absorbée par celle de Juda. La maison d’Israël, qui avait été unie un siècle à peine avec la maison de Jacob ou de Juda, s’en trouvait de nouveau séparée. Un rapprochement entre les deux moitiés répugnait à l’une comme à l’autre, était incompatible avec leur passé respectif. La maison d’Israël, spécialement la