Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 1.djvu/156

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de Jérusalem, dans un périmètre de plusieurs lieues. Mais, à l’heure du danger, ces défenses se trouvèrent absolument insuffisantes. Scheschenk entreprit contre Roboam, alors dans la cinquième année de son règne (972), une vaste expédition composée de forces écrasantes en infanterie, cavalerie et chariots de guerre. Accablées par le nombre, les places fortes cédèrent l’une après l’autre, et Scheschenk s’avança jusqu’à Jérusalem. À ce qu’il semble, la capitale se soumit sans résistance. Aussi le vainqueur se borna-t-il à s’emparer des trésors cachés par Salomon dans le palais et le temple, à prendre tout l’or qui se trouvait dans Jérusalem, les boucliers et les lances d’or que portaient les gardes accompagnant le roi lorsqu’il se dirigeait vers le temple ; mais il laissa debout le royaume de Juda, ne rasa même pas les murs de Jérusalem et permit à Roboam de conserver son trône. De retour dans son pays, il fit immortaliser, par l’écriture et par l’image, ses faits de guerre et ses victoires sur Juda et d’autres peuples. Parmi les ruines d’un temple de Thèbes, on voit encore sur un mur un grand nombre de bas-reliefs où se reconnaissent aisément des figures de prisonniers. — Elle avait été de courte durée, l’alliance conclue par Salomon avec l’Égypte, et dont la fille du roi de ce pays devait être le gage. Le propre fils de Salomon devait déjà éprouver la fragilité de pareilles alliances et apprendre le peu que valent les plans ingénieux de la politique. A son alliance avec l’Égypte, à son mariage avec la fille de Pharaon, le sage Salomon avait follement sacrifié ; il avait bâti un palais à cette princesse, — et peu d’années après sa mort, un roi d’Égypte pillait les trésors de ce palais, comme ceux des autres monuments qu’il avait élevés à sa gloire.

C’en était fait de la grandeur et de la magnificence de l’héritage de Salomon. Un seul jour, en quelque sorte, l’avait vu crouler tout entier. La plus grande partie s’en était détachée, et le peu qui en restait n’était plus qu’un fief de l’Égypte, qui serait peut-être astreint à lui payer un tribut annuel. Les peuplades naguère tributaires, les Philistins, les Iduméens, mirent sans doute à profit la faiblesse de Juda pour recouvrer leur indépendance. De fait, l’Iduméen Hadad était favorisé par Scheschenk, autant que l’était Jéroboam. Roboam, n’étant plus maître de l’Idumée, ne pouvait plus envoyer de vaisseaux au riche pays d’Ophir, et dès