Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 1.djvu/162

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David ; de là le peu de scrupule du meurtrier à égorger son fils. La mort de Nadab ouvre dans le royaume d’Israël cette suite de régicides qui fut une des causes de la désorganisation de cet État. Après avoir accompli son crime, Baaza prit possession du trône (954-953), en conservant Thirza pour capitale, à raison de sa position centrale et de ses fortifications. S’il avait aboli le culte du taureau, il eût peut-être attiré à lui les bons esprits de Juda, qu’irritaient les innovations, bien plus pernicieuses, de Maacha, car elles se doublaient de la prostitution des prêtresses. De fait, il parait qu’à Jérusalem on eut conscience d’un danger de ce genre, mais Asa le prévint : de son initiative propre ou sur les instances d’un prophète, il arracha le pouvoir à sa mère, supprima son culte d’Astarté en chassant ses prêtresses, et brûla dans la vallée du Cédron l’obscène image qu’elle avait offerte à l’adoration publique. Cet acte d’énergie lui concilia le cœur des gens de bien.

Les règnes d’Asa et de Baaza virent recommencer les vieilles querelles des deux royaumes. Il semble que, pour se garantir de Juda, le nouveau roi d’Israël se soit aussi allié à l’Égypte. Toujours est-il qu’un général égyptien, du nom de Sérach (Osorcon ?) s’avança à la tête de troupes éthiopiennes jusqu’à Marescha, à environ douze lieues au sud-ouest de Jérusalem. Mais Asa, se portant à sa rencontre avec les forces réunies de Juda et de Benjamin, le battit, lui donna la chasse jusque vers Ghérar et revint dans sa capitale chargé de butin. Enhardi par cette victoire, il dut reprendre avec plus de vigueur ses incursions chez les dix tribus. Baaza, effrayé, implora l’alliance du roi d’Aram, Ben-Hadad Ier, jusqu’alors allié d’Asa, et, ayant réussi à l’obtenir, forma le dessein de conquérir Juda. Il commença, en effet, par s’emparer de Rama, patrie du prophète Samuel, appartenant à Benjamin, et la fortifia pour en faire sa base d’opérations. Alarmé à son tour et soucieux de renouer ses liens avec Ben-Hadad, Asa dépêcha une ambassade au fils de Tab-Kimmon, avec force argent et or tiré du temple et du palais. L’Araméen, gagné, fit une nouvelle volte-face, abandonna son allié de la veille et revint à celui de l’avant-veille, flatté d’ailleurs de se voir si recherché d’un peuple dont Aram avait jadis été tributaire. Tenté ensuite par la faiblesse d’Israël, il fit irruption sur le territoire des dix tribus, prit Dan, Abel, la