Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 1.djvu/247

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flammes. La chute de l’Assyrie fut le signal de grands changements dans les contrées qui étaient alors le théâtre principal de l’histoire : la Médie hérita de la plupart des anciennes possessions assyriennes ; son roi s’attribua la part du lion, en ne laissant à son allié que la Babylonie et Élymaïs, avec l’expectative, il est vrai, de la souveraineté des pays situés à l’ouest de l’Euphrate. Nabopolassar mourut peu après et eut pour successeur son fils Nabuchodonosor (Nebucadnezar, Nabokolassar, 604-561). Grand capitaine et politique habile, le nouveau roi n’était pas cruel et ne frappait ses ennemis que pour les mettre hors d’état de nuire. Après avoir préparé le développement intérieur de son empire et jeté les fondements de constructions gigantesques, il entreprit une nouvelle guerre de conquête. L’Assyrie araméenne ou Syrie, morcelée en petits États, se soumit apparemment sans résistance, puis ce fut le tour de la Phénicie, dont le prince Ithobat II devint également vassal de Nabuchodonosor. Mais l’objectif véritable de son expédition, c’était l’Égypte. Joachim avait aussi, sans doute, reçu sommation de se soumettre, s’il ne voulait être broyé ; mais, d’un autre côté, l’Égypte l’encourageait à tenir bon, lui faisant espérer du secours et le berçant de promesses. Le royaume de Juda se trouva jeté ainsi dans les mêmes fluctuations que jadis, au temps d’Ézéchias, et menacé de devenir le champ de bataille des deux puissances. Il fallait, de toute nécessité, prendre un parti, mais toujours dans l’attente des renforts d’Égypte ou d’un miracle, Joachim et ses conseillers remettaient d’un jour à l’autre leur décision.

Dans l’universelle inquiétude on fit proclamer un jeûne pour le neuvième mois (hiver 600), et le pays tout entier fut appelé à Jérusalem, pour y supplier Dieu de sauver Juda. L’agitation du peuple était extrême ; anxieux au dernier point, il afflua sur la place du temple, comme si elle eût dû lui offrir un refuge assuré. Jérémie dit à son disciple Baruch de mettre par écrit le discours prophétique où, plusieurs années auparavant, il avait parlé de l’empire chaldéen, alors nouveau, et annoncé que son irrésistible puissance subjuguerait toutes les nations établies autour de Juda et Juda lui-même. Baruch obéit, traça la prédiction dans un rouleau. Jérémie lui commanda ensuite d’aller en faire lecture devant