Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 1.djvu/40

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que son peuple ne le divinisât, comme les païens faisaient de leurs rois, de leurs grands ou prétendus grands hommes, de leurs fondateurs de religions. Pleurant la mort du chef bien-aimé qui ne devait pas les conduire dans la Terre promise ; pleines des grands souvenirs de la délivrance d’Égypte, du passage de la mer, de la révélation sinaïque ; exaltées par leurs récentes victoires sur les rois Sichon et Og, les tribus passèrent le Jourdain, par un jour de printemps, sous la conduite de Josué, fidèle disciple de Moïse.


CHAPITRE II


CONQUÊTE DU PAYS DE CANAAN
L'ÉPOQUE DES JUGES


Les Israélites ne rencontrèrent aucune résistance, soit pour traverser le fleuve, soit pour s’avancer dans l’intérieur du pays. La terreur avait paralysé les habitants. D’ailleurs, entre ces différentes peuplades, il n’existait point de lien qui en formât un tout et leur permit de marcher en masses compactes contre les envahisseurs. Il y avait bien, dit l’Écriture, trente et un rois dans le pays de Canaan, indépendamment de ceux qui habitaient le littoral de la Méditerranée ; mais ce n’étaient, à vrai dire, que des roitelets, régnant chacun sur une ville et ses dépendances, et isolés les uns des autres. Ils laissèrent tranquillement les Israélites dresser un vaste camp à Ghilgal, entre le Jourdain et Jéricho. Cette dernière ville elle-même, qui devait, selon toute apparence, être attaquée la première, n’avait aucun secours à attendre des villes voisines, et ne pouvait compter que sur elle-même. Les tribus israélites, au contraire, étaient unies, avides de conquêtes, exercées aux armes, et elles étaient conduites par un chef qui avait fait ses preuves.

Josué, fils de Nun, de la tribu d’Éphraïm, était le successeur autorisé du grand prophète, qui lui avait imposé les mains et lui avait communiqué une partie de son esprit. Toutefois il n’était