Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 1.djvu/45

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méridionale : ce n’était guère que le territoire des Gabaonites, avec quelques annexes à l’est et à l’ouest. Pénétrer plus avant dans le sud était tout aussi malaisé que de s’avancer dans le nord à travers la grande plaine. Au milieu du pays, en effet, demeuraient les Jébuséens, population guerrière et puissante, dont le territoire était défendu par le Sion, forteresse inaccessible, bâtie sur une montagne. Dans la plaine, à l’ouest, du côté de la mer, les habitants avaient des chariots de guerre en fer, que les Israélites, dans ces premiers temps, ne pouvaient affronter. Et pourtant les tribus restantes n’avaient pas d’autre ressource que le sud et l’ouest, pour s’y mettre en quête d’établissements. Parmi ces tribus, celle de Juda (Yehouda) était une des plus nombreuses et des plus puissantes, et celle de Siméon s’appuyait sur elle, comme une tribu vassale sur sa suzeraine.

La tribu de Dan fut de toutes la plus disgraciée ; elle restait, pour ainsi dire, entre ciel et terre. Ses familles paraissent avoir été peu nombreuses. Dan n’avait même pas, comme Siméon, une tribu patronne pour le protéger. II semble avoir marché à la suite de la tribu d’Éphraïm ; mais cette dernière, dont nous connaissons l’égoïsme, ne lui avait laissé qu’un territoire incertain et difficile à conserver, au sud-ouest de son propre canton, ou plutôt, une parcelle du canton de Benjamin. Les Danites devaient s’emparer du bas-fond ou de la plaine de Saron jusqu’à la mer, et s’y établir. Mais les Amorréens les empêchèrent de prendre pied dans cette contrée et les obligèrent de se retirer sur la montagne, où d’autre part les Éphraïmites, et leurs voisins les Benjamites, ne souffraient point d’établissements solides. Dan fut donc longtemps réduit à une vie de campement, et plus tard contraint d’émigrer pour chercher au loin des établissements dans le nord. La conquête de la plus grande partie du pays s’était effectuée si rapidement, qu’elle dut apparaître comme un miracle aux contemporains et à la postérité. A peine un demi-siècle auparavant, les Israélites, apprenant par leurs émissaires que les habitants du pays étaient trop forts pour qu’on pût espérer de les vaincre, avaient reculé éperdus et découragés. Et maintenant ces mêmes peuplades si redoutées étaient à ce point terrifiées par les Israélites, que la plupart abandonnèrent leurs possessions sans résistance,