Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 1.djvu/75

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fassions connaissance avec vous ! Or, Jonathan était convenu avec son écuyer que, si on leur faisait un pareil défi, ils iraient de l’avant et risqueraient bravement l’attaque. Les Philistins cessèrent bientôt de railler, car les téméraires firent pleuvoir sur les plus avancés des quartiers de rocher et des pierres, — les Benjamites excellaient à manier la fronde, — et les deux guerriers, avançant toujours, continuaient sans relâche leur meurtrière attaque. Épouvantés de se voir si soudainement assaillis à cette hauteur, dont l’ascension leur paraissait impossible, les Philistins croient avoir affaire à des êtres surnaturels ; une confusion effroyable se répand parmi eux, ils se jettent les uns sur les autres, ou rompent leurs rangs et s’enfuient éperdus. Saül n’eut pas plus tôt, d’une hauteur voisine, remarqué cette débandade, qu’il accourut avec ses six cents braves sur le terrain du combat et acheva la défaite des ennemis. Aussitôt, les Israélites qui avaient naguère été contraints de se battre contre leurs frères tournèrent leurs armes contre leurs oppresseurs. Et sur la montagne d’Éphraïm, dans chaque ville par où fuyaient les Philistins, les habitants tombaient sur eux et les écrasaient en détail. Bien qu’épuisée de fatigue, la troupe de Saül, sans cesse grossissante, les poursuivait par monts et par vaux.

Cependant les hostilités des Ammonites contre les tribus transjordaniques avaient redoublé. Leur roi Nachasch assiégeait la ville de Jabès-Galaad, qui était bien fortifiée. Les habitants, ne pouvant plus guère tenir, entraient déjà en pourparlers avec Nachasch au sujet de leur soumission. Celui-ci leur imposa des conditions dures et cruelles ; les Galaadites, ne pouvant s’y résoudre, demandèrent un délai de sept jours pour envoyer des messagers à leurs frères des autres tribus. Or Saül, revenant un jour des champs avec ses attelages, trouva les habitants de sa vile en larmes et en grand émoi. Il s’informe, et les messagers de Jabès-Galaad lui apprennent le sort qui menace leurs concitoyens si on ne leur vient promptement en aide. Indigné de l’insolence du roi des Ammonites et de l’affront qu’il prétend infliger à Israël, Saül prend aussitôt la résolution de venir au secours des Galaadites de Jabès. C’était la première fois qu’il faisait usage de son autorité royale. Il ordonna à tout Israël de se joindre à lui, pour marcher