Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 1.djvu/88

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des Philistins répandit une telle épouvante, qu’une femme chargée de la garde du petit Mephiboseth, fils de Jonathan, en emportant cet enfant dans sa fuite précipitée, le laissa tomber ; si bien qu’il se cassa la jambe et devint boiteux pour toute la vie.

Saül, à sa mort, laissait le pays dans un triste état, plus triste encore qu’il ne l’avait trouvé lors de son élection. La défaite était tellement complète et inattendue, que d’aucun côté, dans le premier moment, on ne songea à la résistance. Tous les courages étaient anéantis. Et l’on vit une grande hardiesse dans ce fait de quelques habitants de Jabès-Galaad, qui, par reconnaissance pour Saül, libérateur de leur ville, se risquèrent à faire cesser l’opprobre infligé à ses restes. Ils se glissèrent de nuit sur l’autre rive du Jourdain, descendirent de la muraille les corps de Saül et de Jonathan, les rapportèrent dans leur ville, les inhumèrent sous un térébinthe et instituèrent un jeûne de sept jours en leur honneur. Les tribus citérieures n’avaient pas, apparemment, le même courage, ou bien elles n’éprouvaient pas autant de gratitude pour Saül, qui, par sa mésintelligence avec David, avait fait le malheur du pays.

Telle fut la fin d’un roi dont l’élection avait été saluée par le peuple avec tant d’espérances !


CHAPITRE IV


LE ROI DAVID


David aussi semblait oublié du peuple, qui avait d’abord fondé sur lui de grandes espérances. Qu’avait-il fait, lui, pendant que sa patrie saignait ? Qu’on ait eu connaissance ou non de son association militaire avec les Philistins, il devait sembler étrange à tous que, dans ces tristes conjonctures, préoccupé seulement de sa propre sécurité, il se tint à l’écart des périls, et, au lieu de voler