Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/104

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ceux encore que le spectacle des violences, des cruautés et des horreurs commises avait guéris de la folie de l’hellénisme, Juda osa alors se mesurer avec un corps d’armée considérable, commandé par le général en chef Apollonius.

Ce dernier, ayant résolu de combattre les Judéens rebelles, mais n’osant affaiblir la garnison de Jérusalem ou plutôt de l’Acra, avait mis en mouvement les troupes de Samarie, renforcées d’autres corps qu’il avait recrutés un peu partout. Ce fut la première bataille rangée que risqua Juda, et elle se termina à son avantage (166). Apollonius y périt, et ses soldats tombèrent sur le champ de bataille ou durent chercher leur salut dans la fuite. Quelque peu nombreuse qu’ait pu être l’armée syrienne, sa défaite inspira une grande confiance aux guerriers judéens. Ils s’étaient trouvés, pour la première fois, en face de leurs terribles ennemis, ils avaient tenu bon, et ils voyaient dans leur victoire la preuve que Dieu, loin d’abandonner son peuple, le couvrait de son invisible égide. L’épée tombée de la main d’Apollonius passa dans celle de Juda, ce fut son arme de combat jusqu’au dernier jour de sa vie.

Bientôt un autre général syrien, Héron, à la tête d’une grande armée, alla relancer dans les montagnes Juda et sa troupe de héros, qu’il espérait écraser par la supériorité du nombre. Des Hellénistes félons l’accompagnaient pour lui indiquer les meilleurs chemins à prendre dans cette région accidentée. En voyant cette puissante armée s’avancer par la montée de Béthoron, les guerriers judéens s’écrièrent : Comment pourrions-nous lutter contre eux ? Mais Juda sut les rassurer et leur rappela les trésors qu’ils avaient à défendre : leur existence, leurs enfants, leur Loi. Animés par ses paroles, ils fondirent avec impétuosité sur les Syriens et les taillèrent en pièces. Huit cents d’entre eux restèrent sur le champ de bataille, les autres s’enfuirent vers l’occident jusqu’au pays des Philistins. Cette première victoire décisive de Juda sur une armée supérieure en nombre (166) donna confiance aux Judéens dans le succès final de leur cause, en même temps qu’elle apprit aux étrangers à redouter la valeur du Maccabéen, son habileté stratégique et la force de résistance de son peuple. Que faisait cependant Antiochus, cause première de tous ces