Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/169

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

hommes. Se sentant trop faible pour oser se mesurer en rase campagne avec l’armée judaïque, il dut se borner à dévaster le pays, espérant par là arracher les Judéens au siège de Samarie. Mais ceux-ci ne levèrent pas le siège et, par un coup de main, ils forcèrent Antiochus à quitter le théâtre de la guerre. Une voix sortie du Saint des saints annonça à Hyrcan, dit-on, la victoire remportée sur Lathuros, au moment même où ses fils venaient de gagner la bataille. Il entendit ces mots prononcés en langue araméenne : Les jeunes princes ont vaincu Antiochus.

Callimandre et Épicrate, les deux lieutenants que Lathuros laissait en Judée pour continuer les hostilités, ne furent pas plus heureux que leur maître. Callimandre succomba dans une rencontre ; Épicrate, gagné à prix d’argent, livra aux princes judéens Bethsan et les villes de la plaine, de Jezréel jusqu’au mont Carmel, qui avaient appartenu aux Grecs ou aux Syriens. Les habitants païens de ces villes en furent aussitôt expulsés. Les jours où les Judéens avaient repris Bethsan et la plaine, les 15 et 16 sivan (juin 109), furent mis au nombre des jours de victoire. Au bout d’un an, les Samaritains, n’ayant plus de secours à attendre du dehors, durent capituler et rendre la ville aux vainqueurs. Soit désir de vengeance, soit mesure de précaution, Hyrcan fit détruire Samarie de fond en comble, y creusa des fossés et des canaux, n’y laissa pas subsister trace de son ancienne splendeur. Le jour où elle tomba aux mains des Judéens (25 marhesvan, novembre 109) devint un jour de fête. C’est ainsi que Hyrcan réalisa les vastes projets des Hasmonéens et acheva leur œuvre. Il avait assuré l’indépendance de la Judée et l’avait mise au niveau des États voisins. Grâce à lui, les ennemis qui la menaçaient de tous côtés, Syriens, Iduméens, Samaritains, étaient vaincus pour la plupart, et le pays était délivré des entraves qui arrêtaient son essor. Les beaux jours des règnes de David et de Salomon semblaient revenus : des étrangers obéissaient au sceptre judaïque. La vieille haine entre ces races sœurs, la Judée et l’Idumée, avait disparu ; Jacob et Ésaü étaient réconciliés. La Moabie, fille de l’Arnon, dut envoyer de nouveau des présents vers la montagne de la fille de Sion. La rive du Jourdain, les côtes de la mer, les routes qui conduisaient les caravanes d’Égypte en Syrie