Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/208

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mer en vue du pillage. L’illusion Aristobule dura deux ans (65-63). A cette même époque, il émit des monnaies, pour bien affirmer son indépendance.

Cependant Antipater sut le tirer bientôt de cette fausse sécurité. En fait de corruption et de ruses diplomatiques, Aristobule ne pouvait guère rivaliser avec lui. Déjà il avait gagné Scaurus et l’avait décidé à se prononcer en faveur de Hyrcan et à le recommander auprès de Pompée, qui guerroyait alors eu Syrie.

Celui-ci voyait dans la lutte des deux frères une occasion propice pour inscrire une nation de plus sur la liste de ses conquêtes et pour la faire figurer dans son prochain triomphe à Rome. Aristobule, il est vrai, lui avait envoyé un présent fort riche et d’une grande valeur artistique, que Pompée avait accepté, sans en devenir plus favorable. Ce présent consistait en une vigne d’or, d’une valeur de 500 talents, que le roi Alexandre avait fait faire pour orner le temple. Cette œuvre d’art excita l’admiration générale. Aussi Pompée se hâta-t-il de l’envoyer à Rome, où on la plaça dans le temple de Jupiter Capitolin. Les Judéens pieux, ne pouvant supporter la perte de la vigne d’or, en firent faire une autre, grâce à des offrandes partielles ; les uns donnèrent une grappe en or, les autres des feuilles, et bientôt le cep de vigne brilla de nouveau à l’entrée du saint portique.

Bien que flatté dans sa vanité par la magnificence de ce cadeau, Pompée était loin de vouloir se prononcer en faveur du donateur. Avec une hauteur insolente, il déclara aux envoyés des frères ennemis, Antipater et Nicodème, que leurs maîtres devaient comparaître en personne devant lui à Damas, où il examinerait leur querelle et ferait justice. Quoique profondément humiliés de ce procédé, les deux princes obéirent à la sommation et défendirent chacun éloquemment leur cause. Hyrcan invoqua son droit d’aînesse ; Aristobule prétendit être le plus digne du pouvoir. Un troisième parti s’était présenté devant Pompée : il venait défendre les droits du peuple vis-à-vis des princes ennemis. Fatigués des querelles des Hasmonéens, les gens de ce parti voulaient mettre fin à leur pouvoir héréditaire et placer le pays uniquement sous le régime de la Loi. Ils se plaignaient surtout des derniers Hasmonéens,