Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/242

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eux qui vivaient dans une placide contemplation ? C’étaient précisément des sujets tels qu’il les souhaitait, des hommes disposés à supporter patiemment toutes les avanies. Du reste, Hérode avait une espèce de prédilection pour les esséniens. L’un d’eux, nommé Menahem, lui avait prédit, dès son enfance, son avènement futur au trône de Judée. Lorsque cette prédiction se fut réalisée, Hérode manda Menahem auprès de lui et lui donna le second rang dans le Sanhédrin après Hillel. Sans doute, Hérode avait tenu à avoir un homme de confiance au sein de ce conseil. Mais Menahem renonça à cette fonction, ne se trouvant pas à l’aise au milieu de ses collègues. A sa place, un Pharisien, Schammaï, fut élevé à la vice-présidence. Celui-ci voulait faire exécuter les lois religieuses dans toute leur rigueur. Il forma une école particulière, désignée sous le nom d’école de Schammmaï dont les disciples exagérèrent encore la sévérité du maître. Leurs principes étaient précisément l’opposé des principes de l’école de Hillel, qui interprétait les lois avec beaucoup plus d’indulgence. Les Schammaîtes refusèrent de prêter serment à Hérode, qu’ils haïssaient profondément.

Malgré toutes les précautions prises, Hérode ne se fiait pas au peuple. Il prit à sa solde une nuée d’espions qui allaient se mêler aux groupes populaires, attentifs aux conversations. Souvent lui-même, sous un déguisement, pénétrait dans ces réunions, et malheur alors à qui laissait échapper une parole de mécontentement ! Il était arrêté sur-le-champ et enfermé dans une forteresse, ou supprimé par des mains inconnues.

Mais la faveur populaire est douce, même au cœur des tyrans. Hérode y tenait d’autant plus qu’il voulait passer, aux yeux des Romains, pour un prince aimé du peuple. Ce sentiment, joint à son amour pour les constructions, lui inspira la pensée de transformer le temple, vieux de cinq siècles, petit, mesquin et de style démodé, en un sanctuaire neuf et magnifique. Il fit part de son projet aux chefs de la nation, qui en furent effrayés. Ils craignaient qu’Hérode ne voulût seulement démolir l’ancien sanctuaire, ou que la reconstruction ne traînât en longueur. Hérode les rassura en leur promettant de ne pas toucher au vieux temple que les matériaux et les ouvriers ne tussent tous rassemblés. Des milliers de