Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/252

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par ordre d’Archélaüs, et que l’approche de la colline du Temple était sévèrement défendue. C’est ainsi qu’Archélaüs inaugura son règne.

Sans doute, à la place d’Archélaüs, ses parents n’auraient guère montré plus de douceur envers la foule ; ils n’en blâmèrent pas moins sa cruauté, dont ils se firent une arme pour l’accuser auprès d’Auguste et pour lui disputer la couronne. Toute la famille entreprit le voyage de Rome pour mettre la Judée aux pieds d’Auguste et lui demander ou la ratification, ou l’annulation du testament. Pendant leur absence, survinrent des événements qui faillirent faire passer à d’autres le fruit de leurs intrigues. La Judée se changea en un champ de bataille où des adversaires acharnés se combattaient avec fureur sur plusieurs points du territoire ; des chefs de bandes surgirent qui se proclamaient rois ou qui s’érigeaient en chefs populaires, combattant pour ou contre la liberté de la nation. Le sang des guerriers tombés dans les combats, les gémissements des victimes, la fumée des villes incendiées remplissaient tous les esprits d’horreur ; la ruine de la Judée semblait imminente. Ces tragiques événements de la première année qui suivit la mort d’Hérode, la chronique les désigne sous le nom de guerre de Varus. Cependant le mal causé par l’intervention du procurateur de la Syrie n’était pas proportionné à la durée de la lutte qui l’avait provoquée. Après le départ de la famille d’Hérode et à la prière d’Archélaüs, Quintilius Varus était resté en Judée, afin de pouvoir étouffer dans l’œuf la moindre tentative de soulèvement. Son rôle n’était pas difficile, car les patriotes ennemis des Hérodiens, agissant sans plan et n’ayant pas d’armes, ne savaient que se livrer à d’aveugles démonstrations. Aussi Varus jugea-t-il son séjour à Jérusalem désormais inutile ; il se rendit à son poste d’Antioche, laissant toutefois une armée suffisante pour résister à toute nouvelle tentative. Aussitôt après le départ du procurateur, un nouvel exacteur romain apparut en Judée, Sabinus, le trésorier d’Auguste, que son maître avait envoyé pour confisquer les trésors d’Hérode et, probablement aussi, le trésor du temple, comme si l’empereur eût été l’héritier légitime du roi judéen. Sans doute, Sabinus avait quelque mauvais dessein, car, au lieu de rester à Césarée