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Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/277

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pécheurs endurcis, il conseille de prier dans leur chambre solitaire ; et, à cet effet, il dicte une courte formule : Notre Père qui es aux cieux..., formule peut-être en usage chez les Esséniens.

Jésus n’a nullement cherché à ébranler le judaïsme existant ; il ne s’est posé ni en réformateur de la doctrine judaïque, ni en fondateur d’une secte nouvelle, mais il voulait simplement amener les pécheurs à la vertu et à la sainteté, leur apprendre qu’ils étaient, eux aussi, enfants de Dieu, et les rendre dignes de participer à l’ère messianique. Il proclamait énergiquement l’unité de Dieu, et ne songeait en aucune façon à modifier la notion judaïque de l’essence divine. Un docteur lui ayant demandé un jour quel était le résumé de la loi judaïque, il répondit : Écoute, Israël, l’Éternel notre Dieu est un, et aime ton prochain comme toi-même, ce sont là les préceptes essentiels. Ceux de ses partisans qui étaient restés fidèles au judaïsme rapportaient de lui cette parole : Je ne suis pas venu pour ajouter à la Loi ni pour en retrancher. Le ciel et la terre passeront avant qu’un iota soit changé à la Loi. Jésus ne blâma jamais les sacrifices ; il exigeait seulement, comme le voulaient du reste les Pharisiens, que la ré-conciliation avec les hommes précédât la réconciliation avec Dieu. Jésus ne rejetait même pas précisément les jeûnes, mais il voulait qu’on les pratiquât sans ostentation ni fausse dévotion. Il portait à son vêtement les franges (tsitsith) prescrites par la Loi. Il était si peu en dehors du judaïsme, qu’il partageait même les préjugés et les mépris de son époque à l’égard du monde païen. Il repoussait toute relation avec cette société : Il ne faut pas jeter les choses saintes aux chiens, ni les perles aux pourceaux, de peur qu’ils ne les foulent aux pieds et ne les détruisent. Son mérite principal — et il n’est pas médiocre — c’est d’avoir, comme Hillel, fait ressortir le côté intérieur des préceptes du judaïsme, les interprétant avec son esprit et son cœur, insistant sur le caractère filial des rapports d’Israël avec son Dieu, sur le principe de la fraternité humaine, sur la supériorité des lois morales, et essayant de rendre ces doctrines accessibles aux créatures les plus dégradées.

Mais la prédication seule n’aurait jamais permis à Jésus de trouver des partisans si dévoués et d’obtenir des résultats si considérables :