Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/359

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Dès lors, le temple fut entièrement entre les mains d’Éléazar et devint le foyer de l’insurrection.

Le parti de la paix voyait avec douleur les progrès de cet esprit de révolte et s’efforçait d’en modérer l’ardeur, afin de prévenir une explosion dangereuse ; mais les moyens qu’il employa pour étouffer la flamme ne servirent qu’à l’attiser. On envoya une députation à Florus, une autre à Agrippa, pour les prier d’envoyer sur-le-champ à Jérusalem des forces suffisantes. Soit par crainte, soit par haine des Judéens qu’il voulait laisser se compromettre de plus en plus, Florus ne bougea point. Mais Agrippa envoya au secours des modérés, sous la conduite de Philippe de Bathyra, trois mille cavaliers auranites, batanéens, trachonites. En arrivant à Jérusalem, ceux-ci trouvèrent la cité basse et la montagne du temple occupées par les zélateurs : il ne leur restait plus que le riche quartier de la ville haute. Entre les deux partis s’engagea une lutte acharnée, à laquelle prirent part les troupes royales et la garnison romaine, et qui dura sept jours (8-14 ab), sans amener aucun résultat. Mais le 15 ab, à la Xylophorie (Fête du Bois), la situation changea. Les zélateurs refusèrent aux modérés l’accès du temple ; ils gagnèrent à leur cause la foule accourue à la fête et firent même bon accueil aux sicaires, qui s’étaient glissés parmi les visiteurs. Grâce à ces renforts, les zélateurs purent déloger leurs adversaires de la ville haute, dont ils se rendirent maîtres. La fureur populaire se déchaîna alors contre les amis des Romains : le palais du roi Agrippa, celui de la princesse Bérénice, la maison du riche pontife Hanania et les archives renfermant les inscriptions de dettes furent livrés aux flammes. Les partisans de Rome s’enfuirent épouvantés ; les uns se cachèrent dans des cloaques, les autres s’enfermèrent avec les troupes dans le palais d’Hérode, à l’ouest de la ville. Le lendemain, les zélateurs assiégèrent, dans la tour Antonia, la garnison romaine, qui, forcée au bout de deux jours, fut passée au fil de l’épée (17 ab). Delà, ils se portèrent vers le palais d’Hérode, où se trouvaient les troupes romaines et les soldats d’Agrippa. Après dix-huit jours de siège et de combats incessants, la garnison capitula. Les troupes judaïques commandées par Philippe purent se retirer librement ; mais les Romains, trop fiers pour demander