Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/376

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gens qu’il la faisait expédier au trésor national de Jérusalem. Mais les gens de Dabaritta devinèrent la vérité et publièrent dans tout le voisinage que Josèphe était un traître, qui avait l’intention de livrer le pays aux Romains. Dés le lendemain, au point du jour, accoururent à Tarichée, prés du lac de Tibériade, les habitants des bourgs voisins, outrés de colère contre Josèphe. Josué ben Sapphia échauffa encore ces dispositions hostiles en prenant dans ses bras le livre de la Loi, et adjurant ses concitoyens de punir le traître, sinon pour eux-mêmes, du moins pour l’honneur du livre sacré. Déjà la foule, courant à la maison de Josèphe, allait y mettre le feu, et c’en était fait de lui, s’il n’eût eu recours à une ruse et à un mensonge qui le sauvèrent. Il se revêtit d’habits de deuil, suspendit son épée à son cou et s’avança ainsi, en posture de suppliant, dans l’hippodrome de Tarichée, de manière à exciter la compassion publique. Aussitôt qu’il put se faire entendre, il soutint effrontément et persuada aux Tarichéens qu’il ne gardait les objets ravis ni pour les remettre à Agrippa ni pour les envoyer à Jérusalem, mais pour les employer à fortifier les murs de leur ville. La foule crédule se paya de ces belles raisons et se prononça en sa faveur ; sur quoi, une viré altercation s’éleva entre les gens de Tarichée et ceux des autres bourgs, et Josèphe en profita pour rentrer furtivement dans sa maison. Cependant, de cette foule qui s’était calmée et dispersée à sa voix, il restait une centaine de mutins qui ne s’étaient laissé prendre aux paroles astucieuses de Josèphe. Ceux s’approchèrent de sa demeure et se disposèrent à l’incendier. Mais Josèphe sut attirer leur chef dans la maison, où, par son ordre, on le fustigea jusqu’au sang et on lui coupa le poing ; puis, ainsi mutilé il le jeta dehors au milieu de ses compagnons, qui s’enfuirent saisis d’horreur. De ce moment, tout espoir d’une résistance vigoureuse en Galilée était perdu. Josèphe ressemblait au génie de la discorde qu’on aurait chargé d’assurer la concorde. Il divisa la Galilée contre elle-même et y créa deux partis, dont l’un se groupa autour de lui et l’autre autour de Jean de Gischala.

Du côté de Jean étaient les patriotes ardents qui ne se faisaient plus illusion sur la duplicité de Josèphe, notamment les habitants de Gabara. Le reste de la population était avec Josèphe.