Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/378

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qui conduisait aux villes voisines et à Jérusalem, avec ordre d’arrêter les émissaires et de les amener devant lui. Ensuite, il fit courir aux armes tous ses partisans des bourgs et des villages, et les ayant rassemblés autour de lui, il leur déclara qu’il était victime d’une machination infernale. Grâce à ces insinuations, la foule entra dans une violente colère contre les délégués. Pour donner le change à l’opinion publique et la prévenir en sa faveur, il choisit dans plusieurs villes des hommes d’esprit borné, qui se rendirent à Jérusalem pour exalter les bienfaits du gouvernement de Josèphe et prier le Sanhédrin de le laisser en Galilée et de rappeler les délégués à Jérusalem.

Ceux-ci, voyant qu’ils n’obtenaient aucun résultat, avaient quitté la haute Galilée et s’étaient rendus à Tibériade, dans l’espoir d’y trouver un appui plus sérieux. Josèphe les suivit pas à pas, et, plus habite qu’eux, sut confondre tous leurs plans. Dans leur embarras, les délégués du Sanhédrin avaient résolu, entre autres, d’ordonner un jeûne public, afin d’obtenir l’assistance divine en faveur de la lutte entreprise. Toute la population accourut dans la grande synagogue de Tibériade, qui pouvait contenir plusieurs milliers de personnes. Bien qu’il fût défendu d’y paraître en armes, Josèphe et ses sens s’étaient munis d’armes cachées sous leurs vêtements. Lorsque, la prière terminée, les discussions commencèrent, les adversaires de Josèphe ayant fait mine de vouloir l’arrêter, ses amis tombèrent sur les assaillants les armes à la main ; mais le peuple se rangea de son côté, et il échappa ainsi une fois encore au danger qui le menaçait.

Cependant les envoyés de Josèphe à Jérusalem et ses amis de la capitale avaient produit un revirement d’opinion en sa faveur. Le Sanhédrin rappela ses propres délégués et maintint Josèphe dans ses fonctions. Celui-ci renvoya les députés du Sanhédrin à Jérusalem, chargés de fers.

Tandis que Josèphe allumait ainsi en Galilée la guerre civile, bafouant le Sanhédrin, décourageant les patriotes et poussant l’importante ville de Tibériade à trahir la cause nationale, Sepphoris, la capitale de la Galilée, avait le champ libre pour entamer des négociations avec Rome.

Ce sera la honte éternelle de Josèphe d’avoir, par son impéritie,