Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/38

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une lutte plus opiniâtre. Des marchands tyriens avaient l’habitude de mettre en vente, le sabbat, de la marée fraîche et d’autres marchandises, et ils trouvaient des acheteurs. Néhémie ordonna qu’à l’avenir les portes de la ville restassent fermées depuis la veille du sabbat jusqu’à sa clôture, et qu’on n’y laissât point pénétrer les marchands. Il obtint enfin, à force de sévérité, que le chômage sabbatique fût pratiqué avec conscience, bien qu’à contrecœur.

Ce rigoureux empire de la Loi fut la tâche successive d’Ezra et de Néhémie : l’un a commencé l’œuvre, l’autre l’a consommée ; et il a si bien consolidé le mur de séparation entre les Judaïtes et les autres peuples, qu’il semblait à peu prés impossible de le forcer. Ceux qui trouvaient la séparation trop sévère furent réduits à sortir de la communauté judaïque et à former une secte. Néhémie vécut peut-être assez pour voir la première sécession de ce genre ; et comme lui-même y avait contribué, comme il fut peut-être, de ce fait, en butte à maint reproche, il crut devoir justifier sa conduite, montrer qu’il avait relevé la chose publique et bien mérité du pays. Il composa une sorte de mémoire où il raconta, avec plus ou moins de détails, ce qu’il avait fuit, dans son double voyage en Palestine, pour la sécurité de ce petit État et pour la glorification de la loi divine. Çà et là il y exprime le vœu que Dieu lui tienne compte de ce qu’il a fait pour le peuple, qu’il n’oublie pas les services rendus par lui au sanctuaire. C’est une sorte d’écrit apologétique, rédigé par lui dans sa vieillesse. — De fait, le nom de Néhémie est resté dans la mémoire reconnaissante de son peuple. C’est à lui et à Ezra, — à ces créateurs du mouvement moral qui a acquis depuis, dans lg judaïsme, une force irrésistible, — que la postérité attribua toutes les institutions salutaires dont l’origine lui était inconnue.