Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/68

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Comme grand prêtre, Siméon le Juste n’était pas seulement chef de l’État et du grand Conseil ; il était encore, comme docteur, à la tête de l’école. Il répétait souvent à ses disciples cette maxime : Le monde (la société juive) repose sur trois bases : la doctrine, le culte divin et la charité. Peut-être ce digne pontife eût-il pu aussi revendiquer, pour une part, la devise suivante de son élève le plus distingué, Antigone de Sokho : Ne soyez pas comme les esclaves qui servent leur maître en vue de la distribution mensuelle, mais comme les serviteurs qui travaillent fidèlement sans compter sur le salaire. L’histoire du peuple juif se lie, pendant tout un siècle, à celle de la postérité de Siméon.

Il avait laissé, autant qu’on peut le savoir, deux enfants, un fils et une fille. Celle-ci épousa un homme du nom de Tobie, qui semble avoir joui d’une certaine considération. Quant au fils, Onias II, il fut, sciemment ou non, la cause d’un changement considérable dans l’histoire de la Judée. Les Séleucides étaient souvent en guerre avec les Ptolémées pour la possession de la Cœlé-Syrie et de la Judée ; mais, d’ordinaire vaincus dans cette lutte, ils travaillaient ces pays et les excitaient à la défection contre l’Égypte. Onias II, le grand prêtre et le chef du peuple de Juda, paraît aussi avoir été circonvenu par Séleucus Callinicus, désireux de le gagner à sa cause. De fait, il cessa tout à coup d’acquitter le tribut annuel que la Judée, jusqu’alors, envoyait aux Ptolémées. Ce refus de payement fut naturellement peu goûté à la cour d’Égypte. Quelque médiocre que fut la somme, on tenait à ce tribut, qui constatait la dépendance du pays. Après une sommation inutile, Ptolémée III (Évergète) déclara que, en cas de refus persistant, il partagerait la Judée entre des colons étrangers. Les Jérusalémites, désespérés, pressèrent Onias de renoncer à la résistance, mais celui-ci tint bon. Dans cette situation pénible, un homme intervint avec tant d’énergie et de résolution, qu’on serait tenté de croire que lui-même avait suscité ces embarras pour en faire un marchepied à son élévation. Cet homme, qui prépara la voie à un courant nouveau, s’appelait Joseph ; il était cousin du grand prêtre Onias, et fils de ce Tobie qui avait épousé la fille de Siméon le Juste. D’un extérieur aimable, d’un esprit