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direction, saluèrent avec bonheur l’établissement d’un Synhédrin en Babylonie, elles acceptaient ses décisions avec un joyeux empressement. Hanania déterminait les années embolismiques et fixait les dates des fêtes absolument comme le faisaient les docteurs de la Judée. Mais lorsque le Collège fut reconstitué à Uscha, il ne pouvait pas laisser subsister à côté de lui une autorité qui menaçait de diviser les Judéens et de provoquer la formation d’un judaïsme oriental et d’un judaïsme occidental. Pour prévenir cette rupture, le patriarche Simon II envoya auprès de Hanania deux délégués, Isaac et Nathan, avec une lettre très habile qui portait cette suscription particulièrement flatteuse : À Sa Sainteté Hanania. Cette qualification surprit très agréablement le président du Synhédrin de Babylonie, il accueillit les docteurs palestiniens avec une grande cordialité et les présenta avec des paroles élogieuses à la communauté. Une fois assurés des sympathies de la foule, les délégués firent connaître le but de leur voyage. Pendant un office à la synagogue, l’un d’eux lit dans la Tora : « Telles sont les fêtes de Hanania » (au lieu de : les fêtes de Dieu) ; l’autre modifia ainsi un passage des Prophètes : « La loi sort de Babylone et la parole de Dieu de Nahar-Pakod » (au lieu de : sort de Sion et de Jérusalem). Les assistants comprirent par ces changements ironiques qu’il était contraire à la Loi et dangereux pour l’unité du judaïsme de laisser subsister en Babylonie un Synhédrin indépendant de la Palestine, et ils furent saisis de remords. Hanania s’efforça d’effacer l’impression produite par les docteurs en essayant de les rendre suspects à la communauté ; ce fut en vain. Isaac et Nathan, s’adressant alors directement aux assistants, leur dirent que la constitution d’un Synhédrin en Babylonie était aussi illégale que la construction d’un autel dont Hanania et Nehunia seraient les prêtres, et qu’elle équivalait à la renonciation au culte d’Israël. Hanania répliqua à ces déclarations en mettant en doute la légitimité de l’autorité du Synhédrin palestinien, dont les membres étaient, d’après lui, des hommes sans grande valeur. Là-dessus, les délégués lui répondirent : « Ceux qui étaient petits du moment où tu les as quittés ont grandi. » Hanania ne cessa de lutter contre les délégués que sur le conseil de Juda ben Bathyra, de Nisibis, qui l’engagea à se soumettre sans conditions au Sanhédrin de la Terre