Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 3.djvu/128

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Meïr furent réintégrés dans leur dignité ; mais, sur les instances de Simon, les lois qu’ils formulaient n’étaient pas promulguées en leur nom. Nathan se réconcilia plus tard avec le patriarche ; Meïr persista dans son opposition. Simon proposa alors de le frapper d’excommunication. Meir protesta contre cette proposition en s’en référant à une loi établie par le Synhédrin d’Uscha et en vertu de laquelle aucun membre du Collège ne pouvait être excommunié. « Je ne tiendrai aucun compte, dit-il, de l’anathème que vous prononcerez contre moi tant que vous ne m’aurez pas fait savoir à qui, pour quel motif et sous quelle condition cette punition peut être appliquée. » Il est probable qu’il cessa à partir de ce moment d’assister aux séances du Collège. Il se rendit plus tard en Asie Mineure. Il est possible que le patriarche l’envoya dans ce pays, en apparence comme délégué, mais en réalité pour l’éloigner de la Palestine. Il mourut en Asie Mineure. Avant sa mort, il prononça ces paroles, qui impliquaient un blâme contre ses collègues : « Annoncez aux habitants d’Israël que, par suite du message dont j’ai été chargé, je suis mort dans un pays étranger. » Conformément à sa dernière volonté, il fut enterré dans un port de mer.

Le patriarcat de Simon était souvent attristé par les vexations et les persécutions que les Romains infligeaient aux Judéens. Le puissant vainqueur faisait sentir aux malheureux vaincus le poids de son despotisme et de son orgueil hautain. « Nos ancêtres, dit Simon, n’ont connu les souffrances que de nom, nous, au contraire, nous y sommes soumis depuis des jours, des années, et de longues périodes ; plutôt qu’eux, nous aurions le droit de nous montrer impatients. Si nous voulions inscrire, comme eux, le souvenir de nos jours de deuil et de nos rares moments de tranquillité, le plus grand rouleau ne pourrait y suffire. » L’arrogance des Romains, d’une part, et, d’autre part, la ténacité des Judéens, que les plus sanglantes défaites n’avaient pu faire renoncer à l’espoir de reconquérir la liberté, paraissent avoir donné naissance en Judée à un nouveau soulèvement dans la dernière année d’Antonin le Pieux (vers le printemps de 161), mais on ne possède aucune information sur cet événement. Cette levée de boucliers semble avoir eu lieu à l’époque oh les Parthes se préparaient à se rendre com-