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tains devoirs religieux est récompensé à la fois sur cette terre et dans la vie future ; ces devoirs sont : la piété filiale, la charité, la fréquentation assidue des écoles, l’hospitalité, la sollicitude pour les malades, la dotation des fiancées (indigentes), les honneurs rendus aux morts, le recueillement dans la prière, l’établissement de la paix parmi les hommes et, tout particulièrement, l’étude de la Loi. La Mischna ne connaît ni châtiment futur, ni enfer. Les pécheurs ne subissent que des châtiments judiciaires ; selon la gravité de la faute qu’ils ont commise, ils sont flagellés, tués par le glaive, étranglés, brûlés, ou lapidés, ou bien Dieu les fait mourir avant l’heure (Kérét). La mort rachète les péchés même les plus graves. Les fautes peu importantes sont effacées par le repentir et le jeûne de Kippour ; les délits commis par inadvertance sont expiés par les sacrifices ; les torts envers le prochain ne sont pardonnés que lorsque l’offensé a été dédommagé et apaisé, et que lui-même a pardonné.

Comme on l’a vu plus haut, l’étude de la Loi, selon la Mischna, est le devoir le plus important, elle est récompensée d’une façon toute spéciale, elle assure à celui qui s’en occupe le bonheur terrestre et la béatitude future. Quiconque étudie la loi écrite et la loi orale et se conduit d’une manière bienséante s’éloigne du péché. La préoccupation constante, l’idée fixe des hommes de cette époque était de s’approprier, de conserver et d’augmenter l’héritage religieux de leurs prédécesseurs ; ils s’efforçaient de consolider et développer le judaïsme. Aussi les docteurs de la Loi étaient-ils profondément respectés. « Un savant, fût-il bâtard, dit le Talmud, doit avoir le pas sur un grand prêtre ignorant. » Les disciples étaient tenus de témoigner une plus grande vénération aux maîtres qu’aux parents, et, en cas de conflit, ils devaient obéissance aux premiers, parce que le maître leur faisait acquérir la vie future. Le père avait l’obligation de donner ou de faire donner l’enseignement religieux à son fils. La Mischna ne déclare pas explicitement l’enseignement religieux obligatoire pour la femme ; elle mentionne sur cette question deux opinions différentes : celle de Ben-Azaï, qui prescrit ou plutôt permet d’enseigner la Tora aux femmes, et celle d’Éliézer ben Hyrkanos, qui, au contraire, le défend très sévèrement. « Enseigner la Tora