avait distribué une partie de ses richesses ; il était venu souvent en aide aux élèves nécessiteux. Son petit-fils n’avait aucune fortune, il ne put pas subvenir à l’entretien des élèves. La plupart des Juifs de la Palestine étaient pauvres ; ils n’avaient même plus les moyens d’acheter ou de prendre à ferme des champs. Les terres de la Palestine étaient en grande partie entre les mains des païens ; elles appartenaient à des Syriens ou à des Romains. Ce n’étaient donc pas les Judéens de la Palestine qui pouvaient subvenir aux besoins du patriarche ; il fallait s’adresser aux communautés du dehors. Juda II fut probablement le premier patriarche qui envoya des messagers dans les riches communautés romaines pour recueillir les ressources nécessaires à l’entretien de sa maison. Un de ses messagers fut Josua ben Lévi, qui se rendit en Italie et à Rome. Ce docteur remarqua dans cette ville une singularité qui le frappa vivement. Des hommes, couverts de haillons, grelottaient en hiver sous les morsures d’un froid rigoureux, tandis que les statues de marbre des places publiques étaient préservées contre les atteintes du froid par de chaudes et épaisses couvertures. Ce contraste entre l’indifférence presque cruelle des Romains pour les pauvres et leurs soins attentifs pour les statues étonna naturellement un docteur dont la religion prêche avant tout la compassion pour les malheureux.
Le voyage de Josua ben Lévi fut certainement couronné de succès. Les Judéens du dehors contribuaient très volontiers à maintenir l’éclat du patriarcat, qui rappelait l’époque brillante de David. Les commerçants et les navigateurs juifs s’étaient accoutumés à consacrer la dixième partie de leurs revenus à l’entretien des écoles de la Palestine. À leurs yeux, ces contributions, recueillies par des messagers et nommées apostolès, remplaçaient les dons qu’ils offraient autrefois pour le temple de Jérusalem ; elles représentaient le lien qui rattachait les juifs d’Europe, d’Afrique et d’Asie à la Terre Sainte et au patriarcat. En instituant ces quêtes périodiques, que des apôtres devaient faire hors de la Palestine, Juda II montra certainement plus de perspicacité que l’adversaire de cette institution, Simon bar Lakisch ; il entretint ainsi, dans le cœur de tous les Judéens, le sentiment de la solidarité.