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simplement sur l’usage ou la tradition, les Sadducéens les rejetaient comme étant ordonnées par les hommes ou comme des innovations arbitraires ; Hillel trouva pour ces prescriptions des fondements dans la Bible. Les sept règles qu’il avait établies pour expliquer et interpréter les livres saints avaient assuré la validité des commandements existants, œuvre des Soferim et des Pharisiens, et permis aux docteurs postérieurs d’instituer de nouvelles pratiques. Désormais, la loi écrite (du Pentateuque) et la loi orale (des Soferim) ne formèrent plus deux domaines distincts, elles entrèrent en contact intime, se pénétrèrent et se fécondèrent mutuellement. Sans doute, par ce système d’interprétation, les docteurs faisaient souvent violence au sens littéral, mais ils l’appliquaient pour des dispositions législatives et non pour des explications exégétiques, ils ne pouvaient donc pas s’arrêter aux mots mêmes, ils étaient obligés au contraire de n’en tenir aucun compte et d’en modifier le sens selon les circonstances. On réunit sous le nom de Loi orale toutes les traditions reçues des ancêtres, qui formaient en quelque sorte un héritage de famille. Les pratiques que les Soferim avaient établies comme une haie autour de la loi, les ordonnances promulguées par le Synhédrin, les usages qui s’étaient transmis de génération en génération, les prescriptions qu’une interprétation logique ou forcée avait déduites du Pentateuque, toutes ces lois avaient été, non pas mises par écrit, mais confiées à la mémoire. Elles étaient résumées en des phrases brèves comme des sentences et appelées Halakot. À l’origine, elles n’étaient ni classées ni coordonnées, elles étaient transmises au hasard, sans que rien les liât les unes aux autres, rattachées quelquefois au nom du docteur qui les avait rapportées. Il fallait une mémoire prodigieuse pour retenir toutes ces halakot, toutes ces lois orales. Johanan ben Zakkaï, le plus important des docteurs de cette époque, enseigna ces lois à ses disciples, leur montra le lien qui les unissait à la loi écrite, et leur apprit à en déduire de nouvelles prescriptions. Les lois traditionnelles devinrent ainsi la matière à laquelle l’enseignement de Johanan donna la forme. Le maître fit usage pour cet enseignement de deux méthodes, dont l’une servait à déduire certaines prescriptions du texte sacré (Midrasch) et l’autre à rendre sur les cas nouveaux des décisions con-