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Mehassia, situées près de l’Euphrate, il faut ajouter Mahuza, voisine du Tigre et à 3 milles de Ctésiphon, la capitale des Parthes. Mahuza, qui s’appelait aussi Mahuza-Malka, du nom de Nehar-Malka (canal royal), qui se trouve dans le voisinage du Tigre, s’élevait sur une hauteur et était protégée par deux solides murailles et un fossé profond.

Mahuza, avec son fort, avait une grande importance pour la sécurité des souverains parthes ou perses ; néanmoins, elle était exclusivement habitée par des Judéens. Les principaux habitants de cette ville descendaient de prosélytes, aussi leur caractère différait-il de celui des autres Judéens de la Babylonie, ils étaient légers, recherchant le plaisir et montrant plus de goût pour les occupations frivoles et mondaines que pour les choses religieuses ; on disait d’eux qu’ils étaient voués à l’enfer. Les femmes de Mahuza aimaient les divertissements et les longs loisirs. Lorsqu’un docteur palestinien, venu de Judée à Nehardea, déclara qu’il était permis aux femmes de sortir le sabbat avec des tiares en or garnies de pierres précieuses, il ne se trouva dans cette ville que vingt-quatre femmes qui profitèrent de cette permission, tandis que dans un seul quartier de Mahuza dix-huit femmes usèrent de cette autorisation. Le voisinage de la capitale parthe, Ctésiphon, dont les habitants jouissaient d’une large aisance, influait certainement sur les mœurs des gens de Mahuza. Cette capitale ainsi que la ville d’Ardechir, nouvellement créée, contenaient une population juive considérable.

Les nombreux canaux qui traversaient la Babylonie faisaient ressembler cette région à une île verdoyante ; la campagne babylonienne, fertile et bien cultivée, avait l’aspect d’un magnifique jardin. Les dattiers abondaient dans le pays, ce qui donna lieu à ce proverbe. « Les Babyloniens achètent un panier de dattes à un denar, et ils ne se consacreraient pas à l’étude de la Loi ! » Les Judéens de la Babylonie étaient adonnés à l’agriculture et à toutes sortes de métiers ; ils creusaient et nettoyaient des canaux, élevaient du bétail, s’occupaient de commerce, faisaient le cabotage et pratiquaient un certain nombre d’arts. Par suite de leur importance numérique, ils vivaient en Babylonie presque aussi indépendants que dans leur propre État. Leur vassalité envers