saient, du reste, favorables pour une émeute. Après la mort des frères de Constance, qui avaient partagé le pouvoir avec lui, plusieurs généraux se firent proclamer empereurs ; de là, des luttes sanglantes entre les différents partis. Constance fut contraint de nommer son neveu Gallus, encore jeune et inexpérimenté, gouverneur des provinces orientales, et de lui confier le soin de repousser les attaques des Perses. Les victoires que ces derniers remportèrent sur les légions romaines et la situation troublée de l’empire encouragèrent les Judéens à essayer de se soustraire à l’autorité despotique de Constance. lis furent affermis dans leur résolution par un homme actif et énergique que les Romains appelaient Patricius et les Judéens Natrona ; les Judéens voyaient même en lui le Messie. Pour surexciter la colère de la population juive et la pousser à la révolte, un prédicateur, Isaac, prononça à Sépphoris ou à Tibériade un discours enflammé contre les Romains. Cette diatribe est un curieux spécimen de l’éloquence du temps, elle contient un dialogue entre Dieu et le peuple juif, et elle évoque les quatre royaumes dont parle Daniel. L’orateur montre que Dieu a déjà abaissé trois de ces royaumes, la Babylonie, la Médie et la Grèce, qui avaient assujetti Israël ; il affirme que le quatrième, celui des Romains (Ésaü, Édom) sera détruit à son tour. « Nous délivreras-tu, dit Israël à Dieu, pour nous rejeter dans le malheur ? — Non, répond Dieu, Mardochée et Esther vous ont délivrés des Mèdes, les Hasmonéens des Grecs, Natrona vous vengera d’Édom, ce Natrona dont il est dit dans l’Écriture sainte qu’il sera votre appui et votre refuge. Ils ne seront pas défaits à moitié, ils seront totalement exterminés, tous ces ducs, ces gouverneurs et ces généraux qui vous oppriment, et aussi tous ceux qui ont abandonné ma communauté pour se joindre à mes ennemis (les apostats) périront au jour du malheur. » Le mouvement paraît avoir pris naissance dans la ville de Sépphoris, puis s’être étendu jusqu’à Tibériade et à Lydda. Gallus, ou plutôt son lieutenant Ursicinus dompta la révolte. La répression fut impitoyable, plusieurs milliers de Judéens furent égorgés, les enfants même ne furent pas épargnés. Tibériade, Lydda et les autres villes qui s’étaient révoltées furent détruites en partie ; Sépphoris fut rasée jusqu’au sol (352). Même après que le soulèvement eut été étouffé
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