Sous la direction de Rabba, l’école de Pumbadita prit un remarquable essor ; plus de 1 200 élèves la fréquentèrent. C’est que Rabba ne limitait pas son enseignement, comme son prédécesseur Juda, à la partie pratique de la loi orale, il expliquait tous les traités de la Mischna, s’efforçant de concilier les opinions divergentes des Tannaïm et des Amoraïm et de rendre compréhensibles les passages difficiles. Il mettait de la vie et du mouvement dans son enseignement en parsemant d’anecdotes, d’aperçus ingénieux et de sentences l’exposition aride de la casuistique ; car, il établit comme principe qu’il était nécessaire de tenir l’attention des auditeurs en éveil par des récits intéressants, pour qu’il leur fût possible de suivre et de comprendre la discussion de questions sérieuses et souvent très ardues.
Rabba était, comme Akiba, un esprit synthétique, groupant les faits isolés sous un certain nombre de rubriques générales. Son mérite était hautement reconnu par tous ses collègues, qui lui témoignaient une profonde vénération. Par contre, la population de Pumbadita lui marquait une très grande hostilité ; elle était irritée des reproches violents qu’il lui adressait sur sa conduite coupable et ses mœurs corrompues. Ayant une fois ordonné, pendant une période de sécheresse, un jeûne et des prières publiques, sans que la pluie demandée tombât, il dit au peuple : « Ne croyez pas que le ciel nous refuse la pluie parce que les chefs religieux d’aujourd’hui sont moins pieux et étudient moins la Tora que les contemporains de mon maître Juda ; Dieu n’accueille pas notre prière parce que la génération actuelle est méchante et perverse. »
Du temps de Rabba, les Juifs babyloniens eurent à subir une persécution qui, sans être grave, troubla néanmoins la quiétude dont ils avaient joui jusqu’alors. Cette persécution se produisit sous le nouveau roi sassanide, Schabur II, qui régna 69 ans (310-379) sur les Perses. Grâce à l’intervention de la mère de Schabur, Ifra-Ormuzd, amie des Juifs, ces derniers souffrirent bien moins que les chrétiens, qui furent traités très durement à cette époque. Voici, en résumé, ce qu’on raconte sur cet événement. Rabba fut accusé auprès du roi ou de ses conseillers d’avoir engagé les 1 200 auditeurs qui suivaient ses conférences pendant les mois de