ce travail. — Joseph tenait la main à l’observance stricte des prescriptions religieuses, et il fit flageller un de ses élèves, Nathan bar Assa, qui, contrairement à la loi, était allé un deuxième jour de fête depuis l’école jusqu’à la ville de Pumbadita.
L’existence de Joseph fut troublée par diverses épreuves ; une des plus douloureuses pour lui fut la perte de la mémoire. Cet accident lui survint à la suite d’une maladie. Il arrivait parfois que des élèves lui objectaient, dans une controverse, qu’il avait émis autrefois une opinion contraire à celle qu’il venait d’exprimer. Quoique ces observations ne lui fussent faites qu’avec les plus délicats ménagements, sa susceptibilité n’en souffrait pas moins, et il disait tristement à ses disciples : « Montrez-vous indulgents pour un vieillard, et rappelez-vous que les fragments des tables de la Loi brisées par Moïse ont été respectueusement conservés dans l’arche avec les tables entières. » — L’exemple de Joseph montre l’infériorité du système d’enseignement qui repose sur la mémoire. On entasse dans sa mémoire des lois et des traditions, on veille avec un soin jaloux sur la moindre parcelle de son trésor, on écarte impitoyablement, comme ennemis, le raisonnement et la réflexion, un accident survient, la mémoire s’affaiblit, on perd tout ce qu’on avait amassé avec tant de peine, et l’on n’a plus les moyens de remplacer ce qu’on a perdu. C’est ce qui arriva à Joseph. L’école de Sora déclina, elle aussi, parce que, dans son enseignement, elle n’avait pas fait la part assez large au raisonnement et qu’elle s’était abstenue de développer la Loi par de nouvelles déductions. Après la mort de Hasda, elle fut dirigée pendant douze ans (309-320) par Rabba ou Rab Abba, fils de Huna ; mais la jeunesse studieuse la délaissa peu à peu pour se rendre à l’académie de Pumbadita. Rabba n’a laissé d’autre souvenir que celui d’un homme très modeste. Après la mort de ce docteur, l’école de Sora resta sans chef pendant près d’un demi-siècle, puis elle se releva encore une fois.
Le collège de Pumbadita était très embarrassé pour designer un successeur à Joseph ben Hiyya. Quatre docteurs, Abaï, Râba, Zeïra II et Rabba bar Matana, étaient dignes à titre égal d’être élevés à la fonction de chef d’académie. Il fut alors décidé qu’on soumettrait une question de casuistique aux quatre candidats et