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niers diriger leurs affaires comme ils l’entendaient. Aussi le judaïsme babylonien continua-t-il à avoir à sa tête un exilarque. Pendant le demi-siècle qui s’écoula depuis la réouverture des écoles religieuses, sous Bahram, jusqu’à la domination des Arabes (589-640), il y eut trois exilarques dont le nom a été conservé et dont le dernier, Bostanaï, fit briller la dignité dont il était revêtu d’un vif éclat.

Les Juifs de la Palestine étaient bien plus malheureux que leurs coreligionnaires de la Perse. Soumis à une législation inique, ils étaient exclus de toutes les fonctions honorifiques et n’avaient même pas le droit de construire de nouvelles synagogues. Un mot de l’empereur Zénon peint leur situation dans toute sa tristesse. La ville d’Antioche, comme la plupart des grandes villes de l’empire byzantin, se divisait, aux courses de chevaux, en deux partis, les bleus et les verts. Ces derniers suscitèrent un jour des troubles, attaquèrent leurs adversaires, tuèrent, entre autres, beaucoup de Juifs, jetèrent leurs cadavres dans le feu et incendièrent plusieurs synagogues. Quand l’empereur Zénon fut informé de cet événement, il déclara que les verts ne méritaient d’être punis que parce qu’ils s’étaient contentés de brûler les Juifs morts et avaient épargné les vivants. Cette haine sauvage vouée par les hauts dignitaires aux Juifs encouragea naturellement la foule à se ruer à toute occasion sur ces parias ; les habitants d’Antioche se distinguèrent particulièrement par leur hostilité envers les Juifs. Un conducteur de chars célèbre, Calliopas, étant venu un jour de Constantinople à Antioche, où il se rangea sous la bannière des verts, des désordres se produisirent à Daphné, près d’Antioche, où s’était rendu son parti, et, sans provocation, sans motif aucun, toute cette foule attaqua la synagogue, tua les Juifs qui y étaient réunis et détruisit tous les objets sacrés qu’elle y trouva (9 juillet 507).

Pendant qu’on cherchait noise aux anciens maîtres de la Terre Sainte, quand ils s’avisaient de restaurer une vieille synagogue délabrée, le christianisme prenait possession peu à peu de la Palestine tout entière, il y élevait librement des églises et des couvents. Évêques, abbés et moines se remuaient en Judée et y discutaient tumultueusement sur la nature simple ou la nature