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Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 3.djvu/275

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fut réservé aux survivants. — Les craintes des Juifs italiens se réalisèrent, l’Italie devint une province de l’empire byzantin et les Juifs passèrent sous l’autorité despotique de Justinien.

Cette situation ne tarda pas à se modifier. Sous le successeur de Justinien, une grande partie de l’Italie tomba au pouvoir des Lombards (589), peuple mi-païen, mi-arien, qui se soucia peu des Juifs et les laissa vivre à leur guise. Il est vrai que les Juifs italiens n’eurent pas trop à souffrir même après que les Lombards eurent embrassé le christianisme ; car, les chefs de l’Église catholique se montraient rarement intolérants. Le pape Grégoire Ier (590-604), surnommé « le Grand » et « le Saint », posa comme principe qu’il fallait chercher à convertir les Juifs, non de force, mais par la persuasion et la douceur. Lui-même employa souvent ce dernier moyen, spéculant même sur les sentiments les moins élevés pour faire des prosélytes. Ainsi, il promit d’exempter d’une partie de l’impôt foncier les fermiers ou propriétaires juifs qui se convertiraient au christianisme. Certes, il ne se dissimulait pas que de tels prosélytes ne seraient pas de bien fervents chrétiens ; mais « si nous ne les gagnons pas eux-mêmes au christianisme, disait-il, nous aurons, du moins, leurs enfants. » Ayant appris qu’un Juif de l’île de Sicile, du nom de Nassas, avait élevé un autel d’Élie (probablement une synagogue qui portait ce nom) et que de nombreux chrétiens s’y rendaient pour prier, il ordonna au préfet Libertinus de faire démolir cet édifice et d’infliger à Nassas un châtiment corporel. Il défendit très sévèrement aux Juifs d’acquérir ou de posséder des esclaves chrétiens. Chez les Francs, qui ignoraient encore le fanatisme et l’intolérance, les Juifs pouvaient, en toute liberté, acheter et vendre des esclaves. Pour faire cesser cet état de choses qui l’indignait, Grégoire écrivit à Théodoric, roi des Burgondes, à Théodebert, roi d’Austrasie, et à la reine Brunehaut, pour les exhorter « à porter un prompt remède à ce mal et à délivrer les croyants des mains de leurs ennemis ».

Dans l’Europe occidentale, en Gaule et en Espagne, où l’Église eut de la peine à établir son pouvoir, les Juifs furent d’abord bien plus heureux que dans l’empire byzantin et en Italie, mais leur sécurité fut troublée dans ces pays dès que le christianisme y fut devenu prépondérant. Le premier établissement des Juifs en Gaule