secret le judaïsme, sous peine d’être excommunié ou exclu de l’Église. Cette loi ne produisit cependant pas le résultat désiré. Les chrétiens judaïsants, comme on les appelait, restèrent attachés à leur ancienne religion, ils apprirent à fatiguer par leur ténacité la méfiance vigilante de leurs ennemis. Dans l’intérieur de leurs maisons, ils continuèrent à célébrer les fêtes juives et à négliger l’observance des fêtes chrétiennes. Pour remédier à cet état de choses, le clergé les obligea à passer les jours de fêtes juives et chrétiennes sous les yeux d’ecclésiastiques, et ils furent ainsi contraints de négliger les unes et de célébrer les autres (655).
Sous le règne du roi Wamba (672-680), les Juifs jouirent de nouveau d’une certaine liberté, ils en profitèrent pour publier des écrits de controverse, dans lesquels ils montraient que ce n’était ni par aveuglement ni par folie, comme le prétendaient les conciles et les auteurs chrétiens, qu’ils n’acceptaient pas le baptême, et par lesquels ils s’affermissaient dans la foi juive et y affermissaient en même temps ceux d’entre eux qui appartenaient en apparence au christianisme. Ces œuvres de polémique étaient probablement écrites en latin. On ne connaît qu’un seul point de leur contenu, on sait qu’elles rapportaient une tradition d’après laquelle le Messie n’apparaîtrait que dans le septième millénaire de la création, parce que les six mille années répondaient aux six jours de la création et que le septième millénaire représentait le sabbat universel, le temps messianique. Or, d’après les calculs des Juifs, il ne s’était même pas écoulé quatre mille ans entre la création du monde et l’apparition de Jésus, ce dernier ne pouvait donc pas être le Messie. Cet argument était présenté, selon toute apparence, sous une forme très habile, puisqu’il ébranla maint chrétien dans sa foi.
Les Juifs ne conservèrent pas longtemps cette liberté de culte et de parole. Wamba fut détrôné par un seigneur d’origine byzantine, Erwig, vrai Grec de la décadence, sans foi ni conscience. Pour s’attacher le clergé, l’usurpateur lui sacrifia les Juifs. Devant le concile qui devait le couronner, il prononça contre les Juifs un discours fanatique, dont voici le début : « C’est avec des larmes que je viens supplier la vénérable assemblée de s’appliquer à purifier le pays de la lèpre de la corruption. Levez-vous ! levez--