étaient déjà établies, défendit l’usage de la viande et du vin et déclara le culte des sacrifices à jamais aboli.
Abou-Isa essaya d’accomplir l’œuvre de la délivrance par l’épée, il transforma ses sectateurs en guerriers. Le moment était favorable pour une tentative de ce genre. Dans toute l’étendue de l’empire musulman avaient éclaté des émeutes contre Merwan II, le dernier khalife de la dynastie des Omayyades. Grâce à ces troubles, Abou-Isa put réunir sans encombre ses partisans aux environs d’Ispahan et caresser un instant l’espoir de réussir dans son entreprise. Mais le général de Merwan fut défait près de l’Euphrate (août 749), et le khalife abbasside Abdallah, vainqueur du dernier représentant des Omayyades (750), mit fin à l’anarchie qui régnait dans les pays musulmans. Abou-Isa, battu par Abdallah, tomba sur le champ de bataille. Après sa mort, ses partisans se dispersèrent, mais ils restèrent fidèles pendant très longtemps au souvenir de leur maître, vivant conformément à ses prescriptions, sous le nom d’isawites ou ispahanais.
Les chefs religieux avaient assisté avec indifférence à ces mouvements, sans s’apercevoir qu’un nouvel esprit commençait à régner parmi les Juifs et menaçait d’ébranler l’autorité du judaïsme talmudique. Les exilarques favorisaient inconsciemment l’agitation antitalmudique par leurs procédés arbitraires et despotiques ; pour les motifs les moins sérieux, ils destituaient les meilleurs chefs d’école et leur donnaient des remplaçants qui étaient absolument au-dessous de leur tâche. Ils paraissaient surtout en vouloir à l’académie de Sora. L’exilarque de cette époque, Salomon, petit-fils ou arrière petit-fils de Bostanaï, imposa à cette académie comme président un docteur de l’école rivale de Pumbadita, et, dans celle-ci, il soutint un personnage sans mérite et sans instruction, Natraï Kakana, contre le maître de ce dernier, Ahaï, de Sabha (non loin de Bagdad), savant d’un très grand mérite. Froissé dans son amour-propre, Ahaï émigra (vers 750) en Palestine, où il composa un recueil de pratiques religieuses, le premier ouvrage de ce genre qui ait paru dans la période posttalmudique. Le même exilarque Salomon plaça plus tard deux frères à la tête des écoles de Sora et de Pumbadita, l’un, Jehudaï, aveugle et impropre à une fonction aussi importante,