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tituer et envoyer Ukba une deuxième fois en exil, et, pour qu’il n’eût pas l’occasion de reconquérir les bonnes grâces du khalife, il fut obligé de quitter les provinces orientales du khalifat ; il se rendit en Afrique, à Kairouan (vers 919). Là, il fut reçu avec de grands honneurs : la communauté juive de Kairouan, où se trouvait alors le célèbre médecin et philosophe Isaac Israeli, le traita en exilarque, établit pour lui dans la synagogue un siège plus élevé que les autres, et lui fit oublier, par les égards et la vénération qu’elle lui témoignait, les vexations qu’il avait subies dans sa patrie.

Comme Kohen-Zédék avait combattu en Ukba, non l’homme, mais l’exilarque, il ne lui suffit pas d’avoir fait bannir son adversaire, il voulut faire disparaître l’exilarcat même. Mais le peuple tenait à cette institution et par habitude et aussi parce qu’il y rattachait le glorieux souvenir de la dynastie royale de David. D’un autre côté, le gaon de Sora commençait à se lasser du rôle effacé que lui imposait son ambitieux collègue de Pumbadita. Aussi, après que l’exilarcat fut resté vacant pendant un ou deux ans, le peuple demanda-t-il qu’il eût de nouveau un titulaire, et il désigna pour cette dignité David ben Zakkaï, un parent d’Ukba. Le Collège de Sora tout entier ratifia le choix du peuple et alla présenter ses hommages (en 921) à David ben Zakkaï, à Kasr, sa résidence ; mais Kohen-Zédék et le Collège de Pumbadita refusèrent de reconnaître le nouvel exilarque. Ambitieux, énergique et fermement résolu de se maintenir à son poste, David ben Zakkaï, en vertu de son pouvoir d’exilarque, déposa Kohen-Zédék et nomma un autre gaon à sa place. Quoiqu’il fût délaissé, dès lors, par une partie de ses partisans, Kohen-Zédék n’abandonna pas la lutte. Ces tristes querelles entre le gaonat et l’exilarcat se prolongèrent pendant près de deux ans, elles affligèrent vivement les cœurs vraiment religieux.

Un aveugle, universellement respecté pour sa profonde piété, Nissi Naharvani, résolut de mettre fin à ces dissensions. Une nuit, il se rendit dans la demeure de Kohen-Zédék, et là, tâtonnant à travers l’appartement, il se présenta soudain dans le cabinet de travail du gaon. Ému de l’apparition subite de Naharvani à une heure avancée de la nuit, Kohen-Zédék se laissa convaincre