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de la communauté, et probablement de leur demander compte de leurs actes. L’immixtion de Rome dans les affaires intérieures de la Judée n’était pas encore assez complète pour que cette puissance fît rendre la justice aux Judéens par des fonctionnaires romains. L’autorité du patriarche ne s’étendait cependant pas jusqu’aux écoles particulières, ceux qui dirigeaient ces écoles avaient conservé en partie leur indépendance et pouvaient conférer à leurs élèves le titre de juge et de docteur sans y avoir été préalablement autorisés par le Nassi. La collation de ces grades avait lieu avec une certaine solennité. En présence de deux de ses collègues, le maître imposait ses mains sur la tête de l’élu, sans penser toutefois qu’il faisait passer par cet acte son esprit dans son disciple, comme cela avait lieu pour les élèves-prophètes. L’imposition des mains devait seulement indiquer que le disciple avait été jugé digne de remplir certains emplois, mais on avait constaté avant cette cérémonie qu’il possédait les connaissances nécessaires à ces fonctions. Dans les simples questions d’intérêt, le premier venu pouvait servir d’arbitre ; mais les affaires pour lesquelles il fallait un tribunal sérieux ne pouvaient être jugées que par des docteurs qui avaient reçu la consécration de l’ordination. L’acte de la consécration et de l’imposition des mains s’appelait Semika ou Minuï, ce qui signifie nomination, ordination ou promotion. Le disciple ordonné prenait le nom de Zaken (ancien), qui répond à peu près au titre de sénateur. En effet, après l’ordination, il pouvait faire partie du grand Conseil. Le jour où ils étaient élevés à ce grade, ceux qui recevaient l’ordination revêtaient un costume de fête spécial.

Une des plus importantes prérogatives du Nassi consistait à ouvrir solennellement les séances publiques du Synhédrin. Le patriarche était assis à la place la plus élevée, entouré des principaux membres du Collège, qui étaient placés en demi-cercle devant lui. Derrière ces docteurs étaient rangés les ordonnés, plus en arrière, les disciples, et, enfin, tout en arrière, le peuple écoutait, assis par terre. Le patriarche ouvrait la séance, soit en proposant lui-même un sujet à traiter, soit en adressant aux docteurs l’invitation de prendre la parole, invitation qu’il exprimait par ce simple mot : « Questionnez. » À la fin des délibérations, on