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synagogues ; il avait chargé Simon, de Pikole, de la rédaction de ces eulogies. Certains docteurs désapprouvèrent le patriarche d’introduire dans le culte des prières fixes ; Éliézer, du moins, se déclara l’adversaire de cette innovation. « Une prière, dit-il, qui est récitée d’après une formule arrangée d’avance, ne vient pas du cœur. » Gamaliel a également introduit dans la synagogue, contre les judéo-chrétiens, une prière dont il sera question plus loin. Le service divin s’accomplissait avec une grande simplicité. Il n’y avait pas d’officiant en titre, quiconque jouissait d’une bonne réputation et avait l’âge prescrit, pouvait remplir cette fonction. La communauté invitait un des fidèles à officier, et celui-ci était appelé, pour cette raison, « le délégué de la communauté » (Scheliah Zibbur). L’officiant se plaçait devant l’arche sainte, qui contenait les rouleaux de la Loi ; de là, l’expression se placer devant l’arche ou descendre devant d’arche. Cette dernière, en effet, se trouvait plus bas que l’assemblée des fidèles.

Ainsi, le patriarche et le Synhédrin avaient su régler le culte public de telle façon que, contrairement à l’opinion des personnes étrangères au judaïsme, la chute du temple n’avait désorganisé en rien la vie religieuse des Judéens. Les sacrifices avaient été remplacés par la prière, l’étude de la Loi et la charité. Sauf les pratiques concernant les offrandes, toutes les prescriptions étaient strictement observées. Les Ahronides recevaient régulièrement toutes les redevances sacerdotales, on laissait, comme auparavant, à l’extrémité des champs, une partie de la récolte pour les pauvres, et on distribuait tous les trois ans la dîme des indigents. Toutes les lois applicables au sol de la Judée et à une partie de celui de la Syrie continuaient à rester en vigueur. On observait l’année de relâche pour tout ce qui concernait la culture des champs et en partie pour la péremption des dettes flottantes. Bref, quoiqu’il eût disparu pour le moment, l’État juif était encore considéré comme existant, et ce fut sous l’inspiration de cette pensée que les docteurs établirent des mesures pour empêcher les païens d’acquérir à perpétuité des terres judaïques et pour les déposséder de celles qui leur auraient déjà été aliénées.

Pour perpétuer le souvenir du temple, dont on espérait le prochain relèvement, on conservait certaines pratiques qui n’a-