qui surent cependant justifier leur système par des arguments en apparence assez sérieux. Ils tiraient leur nom du mot grec ophis et du mot hébreu Nakasch (serpent) ; ils avaient voué à ce reptile une profonde vénération, parce qu’il est représenté dans la Bible comme l’auteur du péché originel, et qu’à cette époque il était le symbole du mal, la forme que revêtait Satan. Les Ophites témoignaient par leur culte leur reconnaissance au serpent d’avoir poussé le premier couple à désobéir à Dieu, par suite, de lui avoir appris à distinguer le bien du mal et d’avoir ainsi éveillé la conscience dans l’homme et donné naissance à la gnose.
Les sectes gnostiques, dont les tendances étaient si variées et si contradictoires, professaient cependant quelques opinions communes. Les fondateurs de la gnose avaient une idée particulière de la divinité qu’ils opposaient à la conception judaïque. Selon eux, ce qu’on appelle Dieu est composé de deux principes, un Dieu suprême et un Créateur. Le Dieu suprême est appelé le Silence ou le Repos, il trône dans les sphères élevées et n’a aucun rapport avec le monde. Son essence est la bonté, l’amour et la miséricorde. Une partie de son essence est révélée au monde par des émanations, nommées Éons. Au-dessous de l’Être suprême, les gnostiques plaçaient le Créateur de l’univers, le Démiurge ; qu’ils appelaient aussi le Souverain. C’est lui qui a créé et qui gouverne le monde ; il a délivré Israël et lui a donné des lois. De même que les attributs de l’Être suprême sont l’amour et la miséricorde s’exerçant en toute liberté, de même les attributs du Créateur sont la justice et la sévérité, qui se manifestent par les lois et les devoirs. À cette époque, on trouvait dans la Bible des appuis pour toutes les idées ; il est donc naturel que les gnostiques aient découvert une allusion à leur conception d’un Dieu de bonté et d’un Dieu de justice dans ce verset du prophète Isaïe : « Nous nous rendrons en Judée pour nommer un autre roi, le fils du Dieu bienveillant (Tobel). » Dans leur système, le Créateur a tiré le monde, à l’aide de la sagesse (Achamot), d’une matière préexistant de toute éternité, ou, comme ils s’exprimaient dans leur langage allégorique, « la sagesse a pénétré dans le sein de la matière et a créé la variété des formes, et ainsi elle est devenue plus terne et plus obscure. » Les gnostiques admettaient donc trois premiers