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Bretagne, qui supportait avec impatience le joug romain, voulurent mettre à profit ce moment propice pour reconquérir leur indépendance. Les Judéens de la Palestine, qui haïssaient les Romains avec une sorte de fureur, avaient déjà organisé auparavant l’insurrection que Quietus, sur l’ordre de Trajan, était allé combattre après avoir accompli sa sanglante mission dans les régions de l’Euphrate. Mais à l’avènement d’Adrien la révolte en Judée n’était pas encore domptée.

Il n’existe aucune donnée précise sur cette guerre des Judéens, que les sources judaïques appellent guerre de Quietus (Polemos schel Quitos). D’après certains indices, cette lutte paraît avoir été funeste aux Judéens, car aux signes de deuil public qui avaient été adoptés depuis la destruction du temple, les docteurs de la Loi en ajoutèrent de nouveaux. C’est à cette époque qu’il fut défendu aux fiancées de porter des couronnes le jour du mariage.

Quietus paraît avoir détruit la ville de Jabné, qui était le siège du Synhédrin. Mais la Judée fut bientôt délivrée de ce soldat sanguinaire. Ce fut le nouvel empereur lui-même qui arrêta sa marche victorieuse. Adrien, plus ambitieux que vaillant, aimait mieux jouir d’une vie paisible au milieu des splendeurs impériales que s’exposer aux fatigues et aux dangers d’une existence guerrière. La perspective d’avoir à lutter contre des insurrections sans cesse renaissantes et à soutenir une guerre longue et pénible lui inspira une grande frayeur. Jaloux de la gloire de son prédécesseur, auquel le Sénat avait décerné des honneurs éclatants, mais trop faible pour essayer de l’égaler ou de le surpasser, Adrien abandonna, pour la première fois, les traditions de la politique romaine, qui osait tout pour tout dominer, et il entra dans la voie de la conciliation. Il renonça à toute prétention sur les pays Parthes, il en abandonna le gouvernement à des princes indigènes, et il fit des concessions importantes aux provinces en révolte. Il paraît s’être inspiré de la même politique de modération dans son attitude envers la nation judaïque, et avoir accédé en partie à ses demandes. Les Judéens désiraient surtout qu’il rappelât Quietus et qu’il leur permît de rebâtir le temple. Le tout-puissant général fut destitué. La jalousie d’Adrien fut certainement une des principales causes de la révocation de Quietus, qui était supérieur à l’empe-