en faveur de son médecin, le juif Salomon d’Égypte. Exposés aux violences et aux mauvais traitements sans pouvoir invoquer la protection de la loi, ils étaient, de plus, astreints à payer des impôts considérables. Leur culture intellectuelle se ressentait naturellement de cette situation douloureuse. Charitables et hospitaliers comme leurs coreligionnaires des autres pays, ils étaient peu instruits.
Dans les villes de l’Asie Mineure, les Juifs étaient répartis d’une façon très inégale. Partout où dominait le croissant, ils étaient nombreux, mais dans les villes chrétiennes on ne les rencontrait qu’en petit nombre. La Palestine tout entière, qui était au pouvoir des chrétiens, ne renfermait pas mille Juifs. Les communautés de Toron de los Caballeros, de Jérusalem et d’Ascalon comptaient chacune environ trois cents membres. Les Juifs de Jérusalem étaient presque tous teinturiers.
Les plus grandes communautés juives se trouvaient alors dans la région comprise entre le Tigre et l’Euphrate. Il est vrai que les brillants centres scientifiques d’autrefois, tels que Nehardéa, Sora et Pumbadita avaient disparus, mais ils étaient remplacés par les communautés importantes de Bagdad et de Mossoul (appelée la nouvelle Ninive).
À Bagdad, où demeuraient plus de mille Juifs, et s’élevaient quatre belles synagogues, vivait alors un Juif riche et considéré, du nom de Salomon, que le khalife Mohammed Almouktafi (1136-1160) avait placé, avec le titre de prince, à la tête de toutes les communautés de son empire. C’était un véritable exilarque, entouré d’une pompe presque royale, sortant à cheval, escorté d’une garde d’honneur et couvert de broderies d’or. Quand il paraissait en public ou qu’il se rendait auprès du khalife, il était précédé d’un héraut qui criait : Laissez passer notre chef, le rejeton de David ! Outre divers revenus, il percevait une taxe prélevée sur toutes les communautés juives depuis la Perse jusqu’aux Indes et au Tibet. Bagdad possédait une école talmudique dont le chef portait le titre de gaon.
La communauté de Mossoul était encore plus importante que cille de Bagdad ; elle comptait près de sept mille familles. Cette cité avait été érigée en capitale par le vaillant Zenki, le père de Noureddin.