comme vrai israélite que celui qui les admet tous. Pour lui, quiconque en rejette un seul est hérétique et n’a point de part à la vie future.
C’est ainsi que, d’une part, Maïmonide éleva la confession juive à la hauteur d’une doctrine consciente d’elle-même, et, de l’autre, mit des bornes, pour l’Israélite, à la liberté de penser. Jusqu’alors, les actes religieux seuls formaient l’essence de la rie juive. Maïmonide opposa des barrières aux libres recherches du penseur et marqua les limites entre la foi et l’hérésie, non seulement dans le domaine déterminé de la pratique religieuse, mais aussi sur le terrain moins défini de la théorie. Il enferma ainsi la pensée dans le cercle étroit de formules immuables.
malgré sa valeur considérable, malgré le vaste savoir, la pénétration et l’esprit de méthode que l’auteur y a déplorés, le commentaire de la Mishna n’assura pas à Maïmonide la célébrité qu’il méritait. Ce furent surtout ses disciples qui le firent connaître et qui le vénérèrent comme l’incarnation même de la sagesse. Un de ses plus jeunes élèves, Salomon Kohen, fit pénétrer sa réputation jusque dans le Yémen, où il annonça aux communautés juives que dans l’adversité elles trouveraient appui et consolation auprès de Maïmonide.
Il s’était, en effet, produit dans l’Égypte des changements notables, qui eurent les meilleurs résultats pour les Juifs de ce pays et des contrées voisines. Le dernier khalife fatimide était mort ou avait été renversé du trône, et l’illustre Saladin, le modèle des princes généreux et chevaleresques de cette époque barbare, était devenu (septembre 1171) le seul maître de l’Égypte, d’une partie de la Palestine et de la Syrie, des pays de l’Euphrate et du khalifat de Bagdad. Son empire offrait un asile aux Juifs persécutés.
Tout d’abord, l’avènement de la dynastie abbasside ou sunnite de Bagdad fut le signal d’une violente explosion de fanatisme. Au Yémen surtout, où dominaient les partisans chiites de la nouvelle dynastie, les Juifs furent persécutés et obligés d’adopter l’islamisme (vers 1172). Mais, comme en Afrique et dans le sud de l’Espagne, leur conversion n’était qu’apparente. Cependant, comme les Juifs yéménites étaient très ignorants, il y avait à craindre que la