Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 4.djvu/154

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

doctrines religieuses, telles que le christianisme et l’islamisme, sous le voile du judaïsme, et on a cherché â escamoter ainsi cette dernière religion. Pour mieux tromper les Juifs, les musulmans et les chrétiens disent que la Loi promulguée sur le Sinaï devait, en effet, être observée autrefois, mais que, maintenant, elle a perdu toute valeur. Pourtant, les révélations de Nazareth et de La Mecque ne sont pas plus le judaïsme qu’une image n’est l’être vivant qu’elle représente. Seuls des enfants ou des insensés peuvent prendre l’ombre pour la réalité. Ô mes frères, ajoute Maïmonide, méditez sur les vérités que je viens de vous exposer, ne vous découragez pas au milieu de vos souffrances ; celles-ci n’ont d’autre but que de vous mettre à l’épreuve et de montrer que la postérité de Jacob, les descendants de ceux qui ont reçu la Loi au pied du mont Sinaï, possèdent seuls la vraie religion.

Cette lettre, écrite avec chaleur et remplie de pensées fortifiantes, produisit une vive impression sur les Juifs du Yémen. Elle leur inspira un nouveau courage et les poussa à s’intéresser au sort des Juifs des autres pays. Plus tard, quand il fut devenu illustre, Maïmonide employa son influence à améliorer la situation des Juifs dans le Yémen. Ils lui en témoignèrent leur reconnaissance en manifestant pour lui un attachement profond et en intercalant son nom, comme on le faisait autrefois pour les exilarques, dans les prières journalières.

Peu à peu, la réputation de Maïmonide s’étendit au loin. Dès l’année 1175, on le consultait comme autorité religieuse, et ses décisions étaient acceptées par les communautés. C’est dans cette même année qu’il paraît avoir été nommé officiellement rabbin du Caire. Ces fonctions étaient pour lui un vrai sacerdoce, et il les remplissait avec autant de conscience que de circonspection. Ennemi de tous les abus, il les combattait avec énergie ; il exigeait surtout une tenue décente dans la synagogue, où l’on avait parfois trop de laisser-aller. Il s’élevait également contre les pratiques caraïtes qui s’étaient introduites parmi les rabbanites, mais il se montrait d’une tolérance très large envers les caraïtes eux-mêmes. Interrogé sur la façon dont il fallait traiter ces derniers, il répondit que s’ils gardaient une attitude convenable et n’outrageaient ni le Talmud ni ses adeptes, on était tenu de leur témoigner de la considération