Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 4.djvu/156

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connaît l’origine, la nature et la signification, mais il les a groupés et modifiés de telle façon qu’ils se présentent sous un tout autre aspect. Ainsi, la Mishna, qui est la base du Talmud, débute de cette façon : À quel moment du soir peut-on réciter la prière du Schema ? et elle se termine par une discussion relative à une question de pureté lévitique. Maïmonide commence son ouvrage en posant ce principe : La base et le fondement de toute vérité, c’est de reconnaître qu’il existe un Être antérieur à tout, qui a créé tout l’univers, et il termine ainsi : Le jour viendra où la terre sera remplie de connaissances, comme l’océan est rempli d’eau. Toute l’œuvre est animée d’un souffle de parfaite sagesse, de piété sereine et de profonde moralité. Maïmonide a introduit la philosophie dans le code religieux ; il a accorda pour ainsi dire une place à Aristote à côté des docteurs du Talmud. Une brande partie du premier livre (Madda) de son ouvrage traite de questions philosophiques.

Maïmonide a composé son ouvrage pour rendre plus facile la connaissance du judaïsme biblique et du judaïsme talmudique. car, pour lui, les deux n’en forment qu’un seul. L’étude du Talmud était très difficile, à cause de la prolixité des discussions et de l’obscurité de la langue. Par son livre, Maïmonide a écarté, en partie, les difficultés en éclairant le chaos talmudique et en y mettant de l’ordre. Dorénavant, le rabbin, obligé de résoudre journellement des questions religieuses et judiciaires ; le croyant, désireux, par piété, d’étudier la Loi ; l’homme d’étude, poussé par l’amour de la science à se rendre compte du contenu du Talmud, ne sera plus condamné à s’aventurer dans un enchevêtrement de broussailles ; le Mischné Thora rend la tâche plus agréable et plus facile. Du reste, Maïmonide a fait entendre assez clairement que son ouvrage avait pour but, sinon de faire abandonner complètement le Talmud, du moins d’offrir la possibilité de s’en passer. C’est pourquoi il l’a écrit dans une langue facile, l’idiome néo-hébreu, afin de le rendre accessible à tous et de répandre ainsi parmi les Juifs la connaissance de leur code religieux et, en général, du judaïsme.

Dans son souci de rattacher tous les détails à des principes généraux et de n’avoir jamais recours, même pour expliquer