Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 4.djvu/162

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forcément d’accord avec celle qui a sa source dans la raison, donnée elle-même par Dieu, et, de même, toutes les vérités que nous fait connaître la raison doivent se retrouver dans la révélation, c’est-à-dire dans le judaïsme.

Maïmonide a emprunté à Aristote sa conception de l’univers, il admet, comme lui, que la création se compose d’une série d’êtres de différents degrés et que les sphères pures sont mises en mouvement par l’effet de leur aspiration vers Dieu, et produisent ainsi les évolutions du monde sublunaire. Mais il a, en quelque sorte, rajeuni ce système en y rattachant des conceptions originales sur l’homme et sa destinée. Dieu, dit-il, étant la perfection et la souveraine bonté, ne peut avoir créé qu’un monde essentiellement bon. Le mal qui existe dans ce monde ne doit donc pas être considéré comme créé par Dieu, il n’est que l’absence du bien. Il provient du fait que la matière trop grossière est souvent réfractaire au bien. On peut triompher du mal. L’homme est, en effet, un composé de matière grossière et d’une substance plus pure, qui est l’âme. Or, Dieu a doué l’âme de la faculté et du désir de s’instruire. Si l’homme suit ce penchant, il parvient à comprendre l’harmonie du monde et l’action de Dieu sur la création, il devient capable de triompher des barrières que lui oppose la matière et de monter au rang d’ange. C’est en s’élevant aux conceptions les plus nobles et en acquérant la pureté des mœurs que l’homme devient esprit, dépasse les êtres terrestres. conquiert l’immortalité et s’unit à l’Esprit universel du monde. Cette faculté que possède l’homme de s’élever aux degrés supérieurs est la conséquence de son libre arbitre.

Mais en même temps qu’il conquiert l’immortalité, l’homme, par son activité intellectuelle et morale, peut également attirer sur lui l’attention spéciale de la Providence divine. Car cette Providence n’étend sa protection que sur ce qui est durable et permanent dans le monde des quatre éléments ; elle veille sur la conservation des espèces, qui, par leur forme et leur but final, sont de nature spirituelle. Donc, si l’homme, triomphant de la matière, s’élève au rang d’esprit, la protection divine lui est nécessairement acquise. Mais, de même que par la pureté de sa vie et le développement de son intelligence l’homme peut acquérir la récompense glorieuse