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Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 4.djvu/205

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contient des blasphèmes contre Dieu, autorise les Juifs à tromper les chrétiens et injurie Jésus et l’Église. Comparés aux outrages déversés sur les Juifs par les évangélistes et les pures de l’Église jusqu’à saint Jérôme et saint Augustin, les rares passages du Talmud relatifs à Jésus, en supposant qu’ils s’appliquent vraiment au fondateur du christianisme, ne paraissent que d’innocentes plaisanteries. Mais, dans sa lutte contre la Synagogue, l’Église avait remporté la victoire, et, par conséquent, elle s’arrogeait le droit d’être d’une excessive susceptibilité. Quant aux assertions de Nicolas Donin d’après lesquelles le Talmud permettrait aux Juifs de tromper les chrétiens et de se délier de leurs serments, c’étaient d’impudents mensonges.

À la suite de l’accusation de Nicolas Donin, le pape Grégoire IX adressa des bulles aux évêques de France, d’Angleterre, de Castille, d’Aragon et du Portugal pour leur ordonner de confisquer tous les exemplaires du Talmud, pendant que les Juifs seraient réunis dans leurs synagogues, et de les remettre aux dominicains et aux franciscains. Les souverains de ces pays devaient prêter main-forte aux évêques. Les prieurs des dominicains et des franciscains étaient chargés d’ouvrir une enquête sur le Talmud et, dans le cas où les accusations de Nicolas Donin seraient fondées, d’en brûler tous les exemplaires (juin 1239).

Ni en Espagne, ni en Angleterre, on ne tint compte des ordres de Grégoire IX. En France seulement, où le roi saint Louis était sous la domination du clergé, il fut donné suite aux bulles papales. Les exemplaires du Talmud furent saisis et transportés à Paris, et l’enquête commença. Sur l’ordre du roi, une controverse devait avoir lieu sur les différents chefs d’accusation entre Nicolas Donin et quatre rabbins. Ces quatre défenseurs du Talmud étaient Yehiel (ou Vivo) de Paris, Moïse de Coucy, de retour, alors, de son voyage en Espagne, Juda ben David de Melun, et Samuel ben Salomon de Château-Thierry. La controverse eut lieu publiquement (le 25 juin 1240), en langue latine, à la cour du roi, en présence de plusieurs évêques et dominicains et devant la reine mère, Blanche de Castille. Comme, parmi les quatre défenseurs, Yehiel savait probablement le mieux le latin, il fut chargé par ses collègues de porter la parole dans ce colloque.