Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 4.djvu/229

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on trouva le corps d’un enfant chrétien prés de Mayence ; immédiatement on accusa les Juifs de l’avoir assassiné. L’archevêque Werner, de Mayence, archichancelier de l’Empire, s’efforça en vain de calmer la foule en proposant d’ouvrir une enquête sérieuse et de faire comparaître les accusés devant un tribunal régulier. Surexcités jusqu’à la démence par la vue du cadavre, les chrétiens tombèrent sur les Juifs, le deuxième jour de Pâque (1283), en tuèrent dix et pillèrent de nombreuses maisons. Grâce à l’intervention énergique de l’archevêque Werner, les désordres ne prirent pas de trop grandes proportions. On raconte que lorsque tout fut rentré dans le calme, l’empereur Rodolphe aurait fait ouvrir une enquête et acquitté les meurtriers des Juifs. Les troubles de Mayence eurent leur contrecoup, le même jour, à Bacharach, où vingt-six Juifs furent égorgés.

Deux ans plus tard, ce fut à Munich que se produisit une accusation de sang. On répandit le bruit que les Juifs avaient acheté à une vieille femme un enfant chrétien pour le tuer. La populace se rua sur les malheureux Juifs pour les égorger. Ceux qui purent échapper à la fureur de la foule cherchèrent un refuge à la synagogue. Mais les bourreaux ne voulaient laisser échapper aucune de leurs victimes, ils entassèrent autour du temple des matières inflammables, y mirent le feu et brûlèrent cent quatre-vingts personnes.

Des massacres eurent également lieu, vers la même époque, à Boppard et à Oberwesel, prés de Bacharach, où quarante Juifs furent tués (1286). On les avait accusés, dans ces localités, d’avoir tué, pour lui prendre son sang, un saint homme surnommé par le peuple le bon Werner, et dont le cadavre, à en croire quelques-uns de ses admirateurs, aurait été illuminé d’une auréole divine. Plus tard, l’empereur Rodolphe mit fin à la légende du « bon et pieux Werner a et prouva l’innocence des Juifs.

Devant ces accusations calomnieuses, qui se répétaient avec une fréquence désespérante, devant les dangers multiples qui menaçaient leur existence, les Juifs de plusieurs communautés d’Allemagne se décidèrent à émigrer. À Mayence, Worms, Spire, Oppenheim et dans d’autres villes de la Wettéravie, de nombreuses familles juives, abandonnant tous leurs biens fonciers prirent la